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Mustapha Ait larbi

Intellectuel dubitatif. Guitariste a l'occasion. Né Algérien par hasard ce, comme les Français. Par hasard !

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Billet de blog 1 novembre 2025

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Bardella, la pêche, et la Turquie.

Un instant détente sinon, on va tous mourir tristes. Un arabe en Turquie.

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Illustration 1

Fabienne, ma copine, me dit :

— Mouss, tu écris trop. Il commence à faire froid, le brochet va mordre, sort ta ligne. Et ne te plains pas, pense à ce pauvre Sarkozy qui tourne en rond dans sa cage, rêvant aux délices de Capoue que lui offraient son poste… et Clara. La politique du brochet, ou la danse des carnassiers quoi ! Et je ne vous tends même pas la perche à propos de ce poisson délicieux aussi.Bref ! comme je vous ai déjà parlé un peu de tout, aujourd’hui je viens vous parler de rien.

C’est le rien qui donne sens au tout. Le vide qui fait vibrer le plein.Fabienne veut un brochet au beurre blanc. Je sais encore le préparer, même si le beurre blanc est devenu introuvable.Tout est trafiqué, pasteurisé, emballé sous aluminium. C’est le règne de la modification.Un peu comme le dernier livre de Bardella : Sombre trafic chez Fayard.

Un scribouillard a dû tremper sa plume dans le golfe des marins morts en mer. Aujourd’hui, c’est la pub qui fait la beauté, la vérité, le talent.Le vraisemblable a détrôné le vrai. Bardella est à l’écriture, ce que Le journal Causeur, et le JDD sont est à la vérité des faits.

Si j’avais écrit ces entretiens avec des Français, on m’aurait traité d’arriéré, de mytho, de Cassandre de supérette.Un peu comme Juppé, qui affirmait il y a quelques années que les Français faisaient leurs courses à Prisunic. Ou comme l’autre médiocre de Copé, qui paie ses pains au chocolat dix centimes.Vous me direz que j’ai mauvais esprit.J’en suis ravi.Pour le brochet, je vais tenter la pêche au lacet.Un simple lacet de godasse, un gros plomb devant.Dans l'eau ça ressemble à une petite anguille. C'est une tuerie ce leurre.

J’ai appris ce truc meurtrier en Turquie, auprès de gens très pauvres.Ils pêchaient dans un lac immense, à la frontière de la Russie.Je ne sais même plus pourquoi j’avais atterri là.En tout cas, ça changeait des lumières d’Istanbul ou d’Izmir, station balnéaire prisée des descendants de Mustafa Kemal,  ce type qui avait traité les croyants musulmans de grands attardés.En réalité, il visait leurs chefs, ceux qui refusaient un modernisme devenu indispensable.J’ai vu sa statue à Ankara. Pas mal.

Dans ce bled, au fin fond de la Turquie profonde, les gens me regardaient comme une curiosité exotique.Ils étaient aimables, doux, mais surtout étonnés de voir ce type en sac à dos militaire. J’étais arrivé dans ce lieu paradisiaque, encore vierge de pollution, après deux jours de bus.Un pêcheur m’a loué une chambre pour un euro cinquante la nuit ( dix francs).

Des militaires, eux aussi étonnés, ont vérifié mes papiers en se grattant la tête, puis m’ont laissé repartir avec un sourire.Je n’avais ni la tête d’un espion, ni celle d’un terroriste. La Turquie c’est un pays merveilleusement beau, et d’une richesse insolente malgré une immense pauvreté maintenue par des régimes violents. J’ai loué un âne histoire de pouvoir faire le tour de cette immense étendue d’eau,  et je suis resté huit jours dans ce qui me semblait être l’Eden. Je suis revenu au monde moderne et bruyant avec regret. J'ai terminé ce long périple à Olympie en Grèce comme joueur de guitare pour les touristes dans une taverne Zorba le grec forcément.

Souvent, je pense encore à ce « pays «  du bout du monde lorsque  je noue un lacet.  Bardella devrait voyager chez les pauvres au lieu de vendre des salades imaginaires avec l’aide du mafieux Bolloré.

Photo : taverne à Bodrum Turquie.

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