Ça y est, Karim a réservé les billets de bateau. À nous Bougie (on dit Béjaïa), le port, les cafés que l’on dit maures, les dorades, et sans doute les appels à la prière, comme ceux de la grande mosquée bleue plantée comme un trophée non loin des rives du Bosphore à Istanbul.
Je connais tout le Maghreb mais pas l’Algérie, vu que là-bas, le tourisme, c’est pas le truc du pays. Faut montrer patte blanche pour visiter les sommets de leurs montagnes..Le bled préfère miser sur le gaz, le pétrole et l’or jaune du soleil. À ce rythme, d’ailleurs, la France fera bientôt figure de pays du tiers-monde. Elle est d’ailleurs déjà sur de bons rails.
Le “déclin de l’Occident”, comme ils appellent ça, les potes à l’âne d’Onfray. Un philosophe pistonné qui a commencé la téloche en présentant un livre de cuisine. Le pays des Lumières qui s’éteignent, auraient écrit Diderot, Lamartine et Hugo.
La France n’est plus ce qu’elle était, et même les Folies Bergères, c’est devenu ringard. Paris, jolies demoiselles, c’est terminé. Maintenant, c’est le Troisième Reich qui est en marche. Encore, sans doute, des nuits de longs couteaux à venir, version Nuit de la Saint-Barthélemy dans tous le Länder. Oui, on va s’égorger bellement dans ce pays avec l’arrivée des fachos du RN. Oui, le sang risque de couler, c’est un grand classique dans l’histoire. Faut se tirer avant que ne sonne l’heure de la grande boucherie à venir.
Tu verras me dit Karim tout excité de ses vacances à venir au pays des gens en babouches. Au bled, les marché débordent de couleurs et de cris, et tu comprends vite que la vie n’est pas ce qu’on nous vend dans les journaux ou sur les chaînes de télé. Les vieux racontent des histoires de fantômes et de batailles, et tu écoutes, bouche ouverte, parce que tu sais que leur mémoire est plus solide que toutes nos archives numériques.
On s’assoit sur un muret, on regarde les enfants courir dans la poussière. Ils n’ont rien, et pourtant ils possèdent tout. Et moi, je sens que je retrouve quelque chose que j’avais perdu en France : la densité du réel, la brutalité douce de l’existence. Ici, les hommes ne trichent pas, les montagnes ne mentent pas, et la mer ne trahit jamais.
Il à aussi un côte poète le Karim. Il devrait écrire des bouquins au lieu de vendre ses cochonneries de gâteaux plein d’huile et de sucre qui collent du diabète et qui bouchent les artères.
* mot qui donnera ouailles et qui vient de panse de brebis