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Un email m’est parvenu, d’un homme qui me demande si je serai à la manifestation du 10. Il fait référence à un mouvement que j’avais couvert l’an dernier. Une usine de pièces automobiles fermant ses portes pour délocaliser en Roumanie, l’intelligence artificielle devenant la nouvelle norme, supplantant le travail humain. Deux autres entreprises de transports avaient également disparu, écrasées par la hausse des prix du carburant. J’avais publié cette enquête dans un journal du Calvados. À la suite de ces fermetures, la grande surface Leclers avait même enregistré une chute sérieuse de son chiffre d’affaires. La pénurie, la rareté, tout cela est invoqué comme la justification d’une croissance, ils en ont pour leur argent si j'ose dire....
Qui ne sait pas pourtant que sans salaire, on achète rien…Les capitalismes découvrent que l'eau ça mouille et que dieu c'est le soleil. C’est encore une fois la bande au professeur Nimbus que veut faire de l’archéologies sous marine sans scaphandre autonome .
Mais qu’en est-il de cette manifestation ? Qu’en espère-t-on vraiment ? Le problème n’est pas d’être là ou non. Choisir, c’est se priver de tout le reste. Trois pêcheurs de truites retraités se joindront à la « joyeuse bande », sachant que, vu ce que Bayrou a annoncé, l’avenir ressemble de plus en plus à un cul-de-sac. Entre la stagnation des retraites, la suppression de 10%, la fin de la prise en charge de certains médicaments, et les taux d’intérêt misérables sur les livrets d’épargne, les raisons de sourire ne sont guère plus nombreuses chez eux. Ce gouvernement, qui a dilapidé sans compter, a offert des milliards aux grandes entreprises et fait aujourd'hui porter le fardeau de sa mauvaise gestion sur le peuple.
Nous avons une gestion calamiteuse, et comme toujours, c’est le peuple qui paie. L’adjoint au maire a dit, sans détour, que nous étions revenus aux années 75-80, à l’époque de la catastrophe industrielle qui a vu les entreprises plier bagage pour produire à bas coût en Chine. C'était l'heure de la " mondialisation heureuse " de Minc, Messier, et autres grands tordus, vendeurs de couleuvres en bas pays Minervois.... Et pourtant, une phrase résonne devant les grilles de leurs châteaux honteux : "Ralliez-vous, mais avec un bonnet rouge et des gilets jaunes. Nous filtrerons ceux qui viennent porter les couleurs du RN. Il est hors de question de laisser cette colère légitime être captée par des racistes et des haineux. Les Wisigoths dehors. Nous n'avons pas ce sang pur des Aryens....Ce mouvement ne doit pas se faire le porte-voix des ennemis du peuple.
Le rendez-vous est fixé devant les locaux de l’entreprise, aujourd’hui invendable, et pourtant déjà victime de multiples dégradations qui semblent signifier tout à la fois, un rejet et une prière.. Chacun apportera des viandes à griller, du bois, du cidre. Il est essentiel que ce moment, aussi lourd de sens soit-il, garde son côté humain, festif, car c’est avant tout le peuple qui est le véritable acteur du changement. Nous serons là pour rappeler que les luttes sociales sont aussi des luttes de dignité.
Comme l’écrivait Arthur Koestler dans Le Zéro et l’Infini – je paraphrase : un peuple qui ne se bat pas, un peuple qui se résigne, est un peuple condamné.
Ps : une smicarde attardée qui nettoie les chiottes pour le groupe Total sur l'autoroute me disait: moi, je vote Bardella parce qu'il est beau....Voilà qui nous donne la profondeur de l'univers.