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Lutter contre le désordre pour produire et maintenir un certain ordre dissipe beaucoup d'énergie et répond donc au problème général de la matière vivante toujours confrontée à un excès d'énergie. Une lecture «entropologique» des sociétés révèle la singularité de la nôtre, qui ne consume plus le surplus de richesses mais accumule le capital, qui ne s'oppose plus aux désordres en réactivant un ordre symbolique mais laisse proliférer une multitude d'appareils de normalisation. Impasse grandiose car l'industrialisation se heurte à des limites, éventuellement catastrophiques, et le contrôle social accède à un niveau de perfection mortel pour toute forme de socialité. Le constat, parfois sombre, esquissé ici n'est cependant pas un éloge funèbre mais plutôt une exhortation : éloge du désordre, mais d'un désordre qu'il ne faut pas laisser gérer par l'Autre, ni laisser passer sur le registre de la représentation où se perdent les différences réelles. Qu'il faut au contraire affronter directement, inlassablement ( extrait de l’ouvrage de Marc Guillaume ).
Pour Bataille, toute société doit brûler son excédent : fêtes, sacrifices, luxes, guerres. Sans cette dépense, l’énergie accumulée devient toxique. Guillaume constate que notre société accumule le capital ; Bataille dirait qu’elle refuse la dépense et se condamne à l’asphyxie en refusant l'asile de la prise en charge qui est notre tentation.
Le désordre n’est pas seulement économique : il est aussi existentiel. L’érotisme, la transgression, l’expérience intérieure sont des formes de dépense qui brisent l’ordre mortel. Bataille exhorte à affronter le désordre dans la chair, pas seulement dans les institutions.Accumuler, c’est mourir. Dépenser, c’est vivre.Le capital nous enferme dans la servitude du calcul.Bataille nous rappelle que la souveraineté n’est pas dans l’ordre, mais dans l’excès. Le désordre n’est pas un accident : il est la respiration même de la vie.Sans désordre, il n’y a que servitude et mort. On peut même dire que le RN est le moment venu qui dénonce un désordre politique pour mieux s'approprier ce désordre politique.
Le désordre n’est qu’un passage, une illusion : la nature ne connaît que l’ordre de ses métamorphoses.”Ce qui brûle aujourd’hui prépare la vie de demain. Le désordre est la semence de l’extraordinaire, et dans la nature, l’ordre est plus fort que le désordre.
Ps : j'avais prévenu la gauche en 86 que sans une vive réaction, qu'elle ouvrait la voie aux fascistes , ( voir le travail de Antonio Gramsci).
https://fr.wikipedia.org/wiki/Marc_Guillaume_(économiste)