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Avec un salaire au ras des pâquerettes, acheter une voiture pour aller travailler relève de la science-fiction. Qu’à cela ne tienne : sous la houlette bienveillante du patronat, l’État relance le « réarmement circulatoire du baisé du système… Un néologisme à quatre roues qui fleure bon la novlangue.
Désormais, toute personne gagnant moins de 16 300 euros par an pourra bénéficier d’une prime pour l'achat d'un véhicule électrique. Ce n'est pas nouveau, ça devient simplement urgent. Une aide qui, dans les faits, pourrait s’intituler : « Je travaille pour rien ». Car évidemment, à ce niveau de revenu, les bénéficiaires vivent dans de charmants pavillons avec piscine et garage, parfait pour recharger leur merveille électrique.
Autrement dit, traverser le Rubicon de la mobilité devient possible pour un smicard… à condition d’y consacrer l’intégralité de son salaire. Et pour quoi faire ? Aller enrichir un employeur. Merveilleux, c’est Agnès Runacher qui va en baver de joie
Renault, jamais en reste, prépare une Twingo relookée à moins de 20 000 euros, enfin ! 19 999 pour les cons qui aiment les fortes réductions. Même avec la prime de Noël qui vient de sauter, à ce prix, il sera impossible d’obtenir un crédit : salauds de pauvres. L’état et c’est à dire nous, devront encore payer. J’espère que vous suivez dans ces méandres parce que pour les néophytes c’est pas simple. J'explique: j'additionne une vache, un serpent de mer, le sourire de Macron, et à l'arrivée vous avez une voiture électrique pour 106 euros par mois pendant trois ans. C'est beau les maths du futurs ? ou, comment vous prendre ce que vous n'avez plus....C'est la bicyclette de Cosinus, ( l'art de la tangente inversée pour les forts en théorème).
Et bien sûr, il ne s’agit pas d’un achat, mais d’une location sur trois ans. À la restitution, gare à la douloureuse : une amie a dû payer plus de 3 000 euros pour refaire une peinture abîmée par des graviers, ( elle à fait un crédit pour rembourser). Bien entendu, pas plus de 12000 km par an. Pour les vacances en bord de mer, le forçat fera tintin. La mobilité verte a ses épines. Un jour, il faudra interdire le travail, trop cher pour ces pauvres employeurs.
Alors souhaitons à ces nouveaux esclaves de la route une belle vie de labeur en électrique . Et s’ils ont le malheur de se prendre un PV, peut-être auront-ils droit à un crédit conso pour le payer. Les banques, elles, ne manquent jamais de générosité.
Ps : mon ami Olivier me dit que sa voiture âgée de 5 ans pour aller travailler lui revient à environ à 460 euros par mois ( achat d'occasion, assurance, carburant, entretien etc). Il gagne 1680 euros. La région est dépourvue de transport en commun. Sa voiture est son unique luxe.
Fabien son collègue, marié , une fille à vendu sa voiture, il ne pouvait plus payer. Il fait 16 km A/R en vélo électrique tous les jours. Comme disait Mao*, c'est l'enquête qui révèle la vérité. Ils portent tous les deux les vêtements aux couleurs de la station même chez eux, et récupèrent les invendus en date limite. Bienvenu dans le monde de la consommation pour tous.
*Mao: le petit livre rouge.