Des larmes pour un ancien président, mais pas une pour les mutilés de Sainte-Soline. Voilà où nous en sommes. Des partis entiers se sont émus du sort judiciaire de Nicolas Sarkozy, comme si l’honneur de la République dépendait de sa réhabilitation. Pendant ce temps, des citoyens engagés, venus défendre le bon sens et l’eau, cette ressource vitale, ont été éborgnés, traumatisés, violentés. Qui a pleuré pour eux ?
À Sainte-Soline, on ne manifestait pas pour un caprice idéologique. On manifestait contre un modèle agricole absurde : capter toute l’eau pour produire des plantes saturées de pesticides, qui finiront dans nos assiettes, empoisonnant corps et sols. Ce modèle est soutenu par des subventions massives, distribuées à des producteurs qui ne produisent plus que du rendement, au mépris du vivant. L’État-nation, censé redistribuer, est devenu un État-subventions, au service d’intérêts privés.
Et que dire de l’art de gouverner aujourd’hui ? Il repose sur trois piliers : le mensonge légitime, le mépris légitime, la violence légitime. On ment pour justifier l’injustifiable. On méprise ceux qui s’indignent. On violente ceux qui résistent.
Ce n’est pas une dérive. C’est une méthode.On ne gouverne plus, on neutralise. On ne débat plus, on matraque. Et pendant qu’on pleure sur les puissants, on mutile les vivants.
La République pleure ses rois déchus, mais elle tire sur ses défenseurs de l’environnement. Voilà le progrès. Ce progrès ou Le mensonge est devenu loi, la violence un langage, et le bon sens un crime. Bienvenue dans l’ère du gouvernement contre son peuple.