Le monde est fini » signifie aussi que l’illusion d’un dehors, d’un ailleurs, s’effondre. Nous sommes enfermés dans une sphère close, obligés de penser la limite. Cela rejoint les méditations de Blaise Pascal ,ou de Bataille sur l’économie restreinte versus l’économie générale. malgré tous ces avertissements, nous continuons à agir comme si le monde était infini. Plastique, pétrole, surconsommation… L’homme moderne est un enfant qui casse ses jouets dans une chambre close.
Nous avons su dompter l’invisible, vaincre les fièvres, repousser les ténèbres de l’église, ouvrir les corps sans douleur, et pourtant nous n’avons pas appris à nous gouverner. La science nous a donné des armes de guérison, mais nous les avons détournées en armes de destruction. La raison nous a offert des outils de mesure, mais nous les avons transformés en instruments de profit. Monod nous avertissait : il nous reste très peu de temps pour devenir propres, économes, intelligents. Mais nous avons préféré l’ivresse du désordre, le gaspillage comme mode de vie, l’extinction comme horizon. Nous sommes les héritiers d’une double victoire : contre la maladie et contre l’obscurantisme.
Mais nous risquons de tout perdre, non par ignorance, mais par excès de savoir mal employé, et parce que nous n’avons pas su nous battre.Le monde est fini. Et nous sommes menacés d’extinction, non par la fatalité, mais par notre propre désordre.Le monde est fini, mais nous vivons comme si nous pouvions encore le détruire une seconde fois.
La parole n’est pas un remède, mais un vaccin : elle ne guérit pas, elle empêche de mourir dans l’illusion. Il faut en tirer les conclusions.