Nous voilà à Rabat, capitale des mangeurs de tajines. Pierre et Clotilde sont restés à Meknès, on les retrouvera plus tard à Agadir, hauts lieux du tourisme avec Marrakech. Sauf que Marrakech, c’est un couloir triste comme Le Havre, et Agadir, une plage, des vagues, des mecs bronzés en fluo qui surfent pour épater les minettes. L’après-midi, les Marocains s’installent au bord de la plage et « zieutent « les jolies touristes en maillot.
— Pour nous c’est du bonheur, disent-ils, le regard saturé d’avis. Bof !
Certains auront des comptes à rendre à Allah, le pote de Dieu qui sait tout. Voilà le monothéisme : voiler les femmes, le patriarcat, interdire l’IVG donc, pas mon truc du tout. Sans oublier que les mollahs marient leurs filles sans voile, toute poitrine dehors. Pas mieux chez les catholiques qui entretiennent des écoles de la honte, qui soutirent l’héritage de certains vieillards fragiles avant de mourir.C’est comme l’éthique et la probité d’une majeur partie de nos élu.es politiques : un mirage.
Bref ! la corniche de Rabat est superbe, mais il faut y aller en bus. Comme à Paris, impossible de se garer. Alors on s’est posé sur un terrain vague à dix kilomètres, la capitale grignotant tout autour. Ce soir, on dormira sur un parking en ville,
paradoxalement les endroits les plus sûrs. Nous avons joué les touristes : jardin botanique, médina, grande mosquée. Que du berbère classique. Rien à dire, c’est le Maroc dans son grand manuel.
Rabat, le lendemain.
Le matin, la ville s’éveille dans un mélange de klaxons et de prières. Les avenues sont larges, mais les trottoirs étroits : on dirait que Rabat a été dessinée pour les voitures, pas pour les hommes.Les cafés débordent de chaises en plastique, les serveurs te regardent comme si tu étais déjà un billet de banque. Ici, le thé à la menthe est une cérémonie, mais aussi un piège : tu bois, tu paies, tu recommences.
Dans la médina, les ruelles sentent le cuir et la poussière. Les marchands t’assaillent avec des tapis, des babouches, des promesses d’authenticité. L’authenticité, c’est surtout le prix qui grimpe quand tu ouvres la bouche. Le mausolée royal brille de marbre et de silence. Les gardes, immobiles, sont des statues vivantes. On dirait que le pouvoir aime se montrer figé, comme si l’histoire devait rester sous vitrine.
Le soir, retour au parking. Les phares des voitures dessinent une autre mosquée, celle des errants. Ici, pas de minaret, juste des silhouettes qui cherchent un coin sûr pour dormir. La pauvreté est partout.Le monde dégueule ses infamies. Bon, je vais manger ma tajine mouton, olive, abricot.
Mektoub.