Il se murmure que Nicolas Sarkozy pourrait bientôt sortir de prison. Une nouvelle qui, paradoxalement, réjouira sans doute ce petit peuple de médiocres qui l’avait acclamé lorsqu’il prônait la tolérance zéro et la fin des remises de peine. Ce même peuple qui, à force de confondre autorité et brutalité, a applaudi des deux mains les politiques répressives, sans jamais imaginer que l’un des leurs finirait derrière les barreaux.
Donnez un os à un chien, il en fera un festin. Offrez une certitude à une foule, elle en fera une religion. Sarkozy, jadis héraut de l’ordre, se retrouve dans l’antichambre de ceux qu’il voulait punir sans nuance. Et pourtant, son incarcération n’a rien d’un naufrage : c’est un révélateur. Luxe discret, assurance intacte, convictions en béton armé, la prison, pour lui, n’a rien d’un effondrement. Elle est un miroir tendu à la République.
Un miroir qui fissure l’édifice des certitudes. Car si même les puissants tombent, alors peut-être que la justice n’est pas qu’un mot. Peut-être que les dogmes peuvent vaciller. Peut-être que la vérité n’est pas toujours celle des éditorialistes en costume.
On se souvient de cette anecdote : lorsque des gardes demandèrent à un berger pourquoi il avait dénoncé Che Guevara, alors même que le révolutionnaire le protégeait, le berger répondit : « Parce que ses hommes faisaient peur à mes moutons. » Voilà toute la tragédie : la peur du changement, même quand il est salvateur. L’instinct grégaire, même quand il mène à l’abattoir.
Mais la terre tourne autour du soleil, que vous le vouliez ou non. Et Galilée, malgré les dogmes, avait raison. Comme lui, il faut parfois accepter d’être seul contre tous pour dire ce qui dérange. Sarkozy en prison, ce n’est pas une chute : c’est une leçon. Une faille dans le récit officiel. Une invitation à penser autrement, et tout le monde s’en souviendra y compris la piétaille qui le soutenait..