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Mustapha Ait larbi

Intellectuel dubitatif. Guitariste a l'occasion. Né Algérien par hasard ce, comme les Français. Par hasard !

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Billet de blog 11 octobre 2025

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Vocabulaire et vague migratoire : rhétorique qui noie la pensée

Le fascisme ne surgit pas toujours avec des bottes :dorénavant , l’extrême droite façonne un lexique de la peur, les migrants sont des vagues, des raz-de-maré. . Derrière les néologismes grotesques et les tirets, c’est une guerre sémantique qui se joue.. Ce billet démonte les rouages d’un vocabulaire toxique, là où la syntaxe devient arme et le mot, poison.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J’ai particulièrement apprécié ce texte publié sur Mediapart, qui dissèque le lexique de l’extrême droite et met au jour ce qui devrait rester dans le non-dit : le fascisme commence par les mots. Cela fait des années que je le dénonce. C’est un piège. Je me souviens d’un propos de Pierre Bourdieu qui disait: le vocabulaire n’est jamais ni clair, ni neutre. Jamais.

Quand l’extrême droite parle des étrangers, elle convoque l’eau. Toujours l’eau. Une vague migratoire, un tsunami, une déferlante, un raz-de-marée… Autant de métaphores liquides destinées à provoquer la peur, l’effroi, la débâcle. Le lexique devient digue, puis arme. Une vague ne se discute pas, elle s’abat. Un raz-de-marée ne s’argumente pas, il engloutit. En parlant des migrants comme d’un phénomène naturel destructeur, on évacue l’humain, on efface les visages, on interdit la compassion.

Et pendant que l’on tremble devant la déferlante venue d'ailleurs, on oublie que ce sont des familles, des enfants, des corps épuisés. Le vocabulaire fait diversion. Il transforme la réalité en menace. Il prépare les esprits à l’inhospitalité.

Mais ce n’est pas tout. L’extrême droite ne se contente pas d’arroser les consciences, elle les empoisonne. Elle invente des mots comme on fabrique des armes : islamo-gauchisme, substitution ethnique, grand remplacement, Ali-Juppé, pieuvre-islamique. Des concepts flous, gluants, conçus pour coller à la peur. Et toujours ce goût du néologisme à tiret, comme si le trait d’union ajoutait du sérieux à la folie.

Ce n’est plus du langage, c’est de l’arsenal. Des trucs à con, aurait dit B. Pascal. Et il aurait eu raison.

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