Il y a maintenant, aux États-Unis, des robots cueilleurs de fraises qui accomplissent le travail de 250 personnes. Ils fonctionnent jour et nuit. Un maraîcher dans l’Indre a acheté un robot, ce qui lui a permis de licencier ses cinq salariés.
Des machines délivrent automatiquement des boissons chaudes, froides, des repas. On paie avec son téléphone. L’IA corrige des textes, écrit des livres, remplace les personnels de bureau. C’est maintenant qu’il faut se poser la question d’un revenu universel pour tous dès la naissance, et de semaines de travail limitées à 12 heures.
S’il existe encore un certain nombre d’emplois, c’est parce que nous avons été obligés de freiner cette mécanisation intelligente, d’imposer des normes de présence humaine ; sinon, plus de 50 % de la population serait déjà sans emploi.
Tout le système, toute notre société est truquée. On nourrit des ruminants avec de la viande, des carnassiers avec de l’herbe. Tous les paradigmes sont inversés, ce qui engendre une société de l’horreur et du désordre. Un animal, c’est désormais des kilos de viande qui finiront déchiquetés vivants dans des lieux interdits aux journalistes.
La vérité, c’est que nous sommes déjà entrés dans cette ère. Les métiers disparaissent les uns après les autres, remplacés par des algorithmes et des machines. Les caissiers, les chauffeurs, les ouvriers agricoles, les employés de bureau : tous voient leur rôle réduit ou effacé. Mais ce bouleversement ne s’accompagne pas d’une redistribution équitable des richesses. Les gains de productivité profitent à une minorité, tandis que la majorité reste prisonnière d’un système qui exige toujours plus de flexibilité et de précarité.
La question n’est donc pas de savoir si le travail va disparaître : il est déjà en train de disparaître. La vraie question est : quelle société voulons-nous bâtir sur ces ruines ? Une société où l’humain est relégué au rang de consommateur passif, ou une société qui reconnaît enfin que la valeur ne réside pas dans l’exploitation, mais dans la dignité et la liberté de chacun ?