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J’ai toujours eu une aversion viscérale pour ces réseaux sociaux, égouts modernes où circulent violences, intox, et criminalités en tous genres. Je les fuyais avec la superbe de celui qui croit encore à la noblesse du papier. Et pourtant une info a fissuré ma belle assurance.
Mon frère, homme simple et droit, fréquente l’odieux Facebook. Oui, ce cloaque algorithmique. Il y retrouve ses potes de la SNCF, sa famille, ses passions : moto, voitures anciennes, pêche, jardinage. Rien de criminel, en somme. Juste la vie.
Il y à pas longtemps , je lui ai lu une nouvelle que j’avais écrite : deux pages sur un jeune garçon, mort au front deux heures après son arrivée. Mon frère, interloqué, m’a demandé de la publier. J’ai dit amen, mes textes sont libres de droit, comme moi.
Depuis, il poste quelques-uns de mes billets sur sa page. Et là, stupeur : il existe des compteurs d’audience. Des gens paient même 49 euros pour faire remonter leurs propos en tête des ventes. Au début, 48 lectures. Puis 170. Puis 240. Et aujourd’hui, il engrange 1200 lectures. Une simple histoire d’amour fait aussi exploser son compteur.
Mes nouvelles, mes avis sur le RN, mes explications font mouche auprès de cette clientèle qui ne lit pas Mediapart. Il ajoute des photos, donne du sens, crée du lien. Et moi, je reste là, perplexe. Serait-ce un moyen de combattre Causeur, le JDD, Le Journal des Ardennes et autres torchons racistes ? Peut-être que l’invasion commence là. Une façon de tendre le bâton merdeux par l'autre bout par un frère pas idiot, une page, une photo, une chute.
Simple info de ma part bien entendu, rien de " glorifiant". J'ai passé l'âge des médailles, des premiers de la classe, et autres hochets version bouton rouge sur ce costume, cravate, que je ne porte pas.
Ps : pour ma part, nous n'avons pas extrait toute l'horreur de 14/18, ( analyse ), et c'est pour ça que nos sociétés se sont emballées dans l'erreur ce, comme nous ne savions pas que le code noir n'avait pas encore été aboli. A l'école primaire, il était interdit de parler de 14/18. L'histoire se résumait aux invasions anglaises, ( Jeanne d'Arc et autres conneries des bourgeois de Calais ). J'ai fuis les cours pour aller à la pêche et dans les bois, et je n'ai pas été perdant, loin s'en faut.
Cette guerre avait été si stupide, si sale, si meurtrière, ( car c'était la guerre des savants ), qu'il ne fallait pas en parler. Il en sera de même pour les colonisations, pour l'Algérie, l'Indochine. L'école sous le poids des politiques avait une fois de plus trahi sa mission.
Photo : Louis de l'Aveyron, soldat de 21 ans mort en Septembre 1918 au front, sans doute dans la Meuse , ( correspondances de guerre personnelles trouvées en brocante). Il avait mis trois jours d'un voyage éprouvant pour arriver sur le champ de bataille.