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Les journalistes devront faire de plus en plus attention. La menace de Donald Trump de réclamer entre 1 et 5 milliards de dollars à la BBC pour un extrait jugé trompeur de son discours du 6 janvier 2021 n’est pas seulement une affaire juridique : c’est un signal. Celui d’une stratégie qui vise à faire peur. Même si ces poursuites n’aboutissent pas, elles créent un climat d’intimidation qui pousse les rédactions à l’autocensure.
En France, la mécanique est similaire. Les procès-bâillons se multiplient : on attaque, on fait appel, on prolonge les procédures. L’objectif n’est pas de gagner sur le fond, mais d’épuiser financièrement et psychologiquement ceux qui enquêtent. ONG, journalistes, lanceurs d’alerte : tous peuvent être pris dans cette spirale. Tout est fait pour mettre les démocraties sous pression. La judiciarisation du débat public transforme la justice en arme politique ou économique. Les médias, au lieu de jouer leur rôle de contre-pouvoir, sont contraints de calculer les risques avant de publier.La vérité devient fragile, car elle dépend du courage de ceux qui osent la dire malgré la menace.
Dans un monde où tout va vite, les procès, les menaces, les réactions, il est tentant de répondre par la rapidité. Mais la véritable force est dans la profondeur : prendre le temps de vérifier, d’analyser, de résister. La vitesse intimide, la profondeur libère.
Protéger la liberté de la presse, c’est accepter que la vérité demande du temps, du courage et une solidarité collective. Les journalistes ne doivent pas être seuls dans ce combat : c’est à la société entière de défendre leur droit à informer.
Ps: l’Union européenne a adopté une directive anti‑SLAPP en mars 2024, qui doit être transposée dans les États membres d’ici mai 2026. Elle offre un véritable bouclier aux journalistes et aux défenseurs des droits humains contre les poursuites abusives. C’est un minimum ( info du net ).
Adddendum: on lira avec profit et à ce sujet, le dernier billet de Antoine Perraud ( Mediapart ).