En attaquant Poutou sur les vêtements, elle renvoyait l’image d’un homme « sale », donc indigne du rang politique. Elle tenta même, sans succès, d’imposer la cravate à tous les élus. Pour une fois, Aurore Bergé répondit avec justesse : ce n’est pas parce qu’on porte une cravate qu’on est respectable. Le débat ridicule s’arrêta là.
Lors de mon service militaire, nous étions tous obligés de porter une cravate. J’avais demandé au capitaine :
— Parce qu’il est indispensable, pour égorger des hommes sur le terrain et violer des femmes après la victoire, de porter un bout de ruban ?
J’ai repris deux jours de prison. Catalogué forte tête, j’ai été promu grenadier voltigeur — celui qu’on place en tête des troupes pour se faire massacrer le premier. Une grenade pour tout armement.
La distinction passait, et passe toujours, par le vêtement. Qui, comme Dati, peut se payer des robes à 40 000 euros et 900 000 euros de bijoux ? Un concierge peut-être, ou une femme qui fait la toilette de quinze vieillards dans un Ehpad. Hermès vend ses pochettes 30 000 euros et fait travailler des handicapés physiques pour un demi-SMIC, le reste payé par l’État. Julien Odoul ira ramasser sa condamnation de huit mois de prison pour vol, cravate impeccable. Sarkozy écrit en prison, devant son yaourt, ses mémoires en costume-cravate, et demande à la pénitentiaire de lui vendre un balai pour nettoyer les crasses, de sa cellule ou de son cerveau, on hésite.
Philippe maire du Havre, nous vend les colonisations comme un miracle. Entre deux tortures, et gazage au gaz de combat auprès de populations affolées réfugiées dans des grottes.... En répandant des acides depuis des avions sur des gens innocents en Indochine. En coupant des mains à des noirs que des colons bien propres sur eux, clouaient sur les portes des granges. Et tout ça par des hommes en cravate bien entendu. Malgré le proverbe, l’habit fait encore et toujours le moine. On se reconnaît aux vêtements : chaussures Léon pour les gros bourgeois, baskets Nike dans les banlieues.
On habille les puissants, les criminels, les pires tueurs, on déshabille les autres, et l’on prétend encore que le tissu ne dit rien : pourtant c’est lui qui distribue les rôles, maquille les vices, et trie les vies sous couvert d’élégance.