Le confort du coupable idéal. Quand la vie devient trop chère, trop chaude, trop floue, il faut bien trouver quelqu’un à accuser. Alors on ressort les figures toutes faites, les silhouettes commodes, les coupables-innocents. Ceux qui n’ont ni les moyens de se défendre, ni le pouvoir de changer les choses. Ce texte n’est pas un reportage. C’est un miroir. Il reflète les conversations de comptoir, les soupirs de trottoir, les certitudes de salon. Il ne juge pas, il expose. Et si d’aucuns si reconnaissent… c’est peut-être que le pamphlet fait son travail.
Henri se sent nettement mieux depuis qu’il sait qu’un référendum sur l’immigration va avoir lieu.
— Je me suis rendu compte que tous mes soucis depuis l’enfance relèvent de l’immigration, dit-il.
Marthe, sa voisine de 61 ans, explique que depuis que l’immigration est en place, il est devenu impossible de trouver des places assises dans le bus, et que personne ne dit rien.
L’annonce du gouvernement permettra de remettre les choses en ordre, opine le facteur qui vient de se joindre à la petite troupe. C’est de pire en pire, dit-il. On se demande si la France sait encore ce qu’est l’économie. Il faut interdire les burkinis sur les plages, c’est vraiment pas une économie.
— De toute façon, la canicule, ça doit être quelque part la faute de l’immigration, explique Roger, 51 ans avec tous ces méchouis.
— J’avais pas mal de soucis en tête : boucler la fin du mois, payer la cantine des gosses… Mais depuis qu’on a dit qu’on allait avoir un nouveau débat sur l’immigration, je me sens beaucoup mieux. J’ai conservé tous mes brouillons que j’avais faits pour le grand débat sur l’identité nationale, dont je m’étais occupé, et qui avait été un magnifique succès, souligne son copain Éric, 61 ans. L’identité nationale, c’est quand même le grand truc avec Verdun et Sarajevo.
— Et puis tous ces Roms qui viennent piller nos décharges ! surenchérit Henri, afin de bien enfoncer le clou.
Marthe soupire :
— Comme si Macron ne savait pas que certains lieux doivent rester vierges de tous ces étrangers. Impossible de vider nos poubelles sans que des jeunes, de toute façon étrangers, ne manquent de nous rentrer dedans avec leurs scooters volés.
— Moi, je vous le dis, un jour il faudra ouvrir les yeux, sinon on sera aveugles. Et le débat sur l’immigration, c’est fait pour ça.
— Même les chauves-souris sont en danger, dit le facteur, avec toutes ces éoliennes qu’on construit pour que les étrangers puissent se chauffer avec l’argent du RSA. Marine a eu raison de prendre cinq millions dans les caisses. De toute façon, les étrangers se seraient servis. Autant que ça serve aux Français.
— Sinon, Marthe, votre cancer de la vessie ?
— Ça va mieux. J’ai la chance d’avoir Mohamed comme cancérologue, Malika comme infirmière, et Laziz me transporte avec sa voiture gratuitement pour mes séances de chimios.