Quand j’étais môme à la campagne les WC se trouvaient dehors assez loin de la maison . C'était une espèce de petit bâtiment en bois posé à même le sol. A l’intérieur se trouvait une large planche en bois trouée contenant en son dessus un gros bidon.Le tout était masqué encore une fois par du bois. Pour le papier , on déchirait le journal en deux , et on le fixait sur un clou comme ça , il servait deux fois. Quand le bidon était plein , on le vidait dans le jardin et ça faisait de l’engrais. On était des écolos avant l’heure quoi !
Puis , un jour, la DASS informa celle qui me servait de grand-mère que ces vieilleries porteuses de microbes n’étaient plus autorisé et que les familles d’accueil devaient avoir des WC modernes dans les maisons. Ma grand-mère failli s’étouffer en entendant ça. Quoi ! Des waters dans la maison . Quelle horreur ! Et les odeurs bon sang . Décidément , ces gens étaient complètement fous . Pourtant , soit elle se pliait à la règle, soit la DASS lui retirait la garde des enfants , donc une partie de ses subsides.
Elle en parla au gars Jean qui faisait toutes sortes de travaux.
-Ben c’est pas compliqué du tout dit-il . Faut installer une fosse toutes eaux et ouvrir une porte dans la pièce à côté comme ça , tes waters seront dehors et les gosses pourront y aller depuis la maison .
Il était génial quand même le gars Jean. En dix secondes , il avait trouvé la voie du milieu. Freud aurait dit la voie royale.
-Et pis tu sais , je récupère tout ce que je peux ,et comme je sais que tu n’es pas riche ça ne va pas te couter cher avec moi.
Le jour venu , Jean débarqua avec son cheval et une charrette pleine de matériaux .Auparavant , un gars avait fait un énorme trou pour pas cher non plus vu que ma grand mère lavait et s’occupait de son linge.J’accourais vers le gars Jean qui me dit d’un air malicieux.
- Tu vas voir ce que l’on peut faire avec de la récup .Il sorti de la charrette une grande cuve en plastique vert qu’il déposa dans le trou sur un lit de sable et relia la cuve avec un gros tuyau.
Ensuite, il cassa une partie du mur de la pièce et posa une porte d’occasion qu’il rabota un peu sur place . Il travaillait lentement , surement et pourtant le chantier avançait à une vitesse folle.Il posa des moulures sur les coins de la porte pour cacher la misère comme on disait au pays.
C’était assez pour aujourd’hui. Le lendemain forcément j’avais mal au ventre donc, ma grand mère excusa mon absence auprès de l’instituteur. Pourtant , dès que Jean arriva , le miracle eut lieu à nouveau. Je n’avais plus mal du tout.
Jean commença par faire une chape en béton et colla du carrelage de récupération puis, il monta des morceaux de parpaings cassés et des vieilles briques qu’il avait encore récupérés. Quelques morceaux de bois et des ardoises à " peines usées "finirent par donner un beau cachet à l’édifice.Il avait gardé aussi un mécanisme à effet de chasse d’eau et bricola aussi tout ça en un tour de main. C'était les anciens mécanismes de l’école. Enfin, il posa le trône tout resplendissant dans sa faïence blanche et un robinet d’arrivée d’eau qui devait tout droit sortir lui aussi de chez un client plus riche que nous..
Pour terminer , il recouvra les murs d’une belle chaux blanche . C’était fini , on pouvait déféquer modernement si j’ose dire.Y aller joyeux de nos flatulences sachant que dorénavant la maison était protégé de nos vapeurs disons délétères .La grand-mère un peu anxieuse demanda.
-T’as vraiment bien travailler gars Jean, combien que je te dois ?
- Hé bien, répondit Jean , tu me donneras deux moutons. Un maintenant et un dans six mois et ça fera l’affaire.
Ma grand-mère en aurait hurlé de joie .Deux moutons à ce jour valent à peu près 280 euros. Pour ma grand mère, pratiquement rien vu que ces bestioles ne mangent que de l’herbe laquelle poussait en abondance dans la cour.Finalement , la grand mère lui donna trois lapins en plus.
Et le pire c’est que je sais que vous allez encore lire mon histoire de chiottes . Ben merde alors !
Ps : Merci Françoise.