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Mustapha Ait larbi

Intellectuel dubitatif. Guitariste a l'occasion. Né Algérien par hasard ce, comme les Français. Par hasard !

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Billet de blog 20 novembre 2025

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Je suis à la frontière Espagnol, carnet de route.

Il parait que c’est l’IA qui maintenant va décider du sort des élections .Si des gens commencent à se renseigner, ce n’est gagné pour personne. Mektoub !

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je suis à Perpignan. Ce n’est pas le chemin le plus court vers le bled, mais c’est une halte qui dit beaucoup. Ville-frontière, ville fracturée : les riches au centre, les pauvres relégués sur les côtés. Un grand classique du pays de Montesquieu et d’Aurore Dupin. Ici, les fachos tiennent la maison, alors j’ai laissé la djellaba et les babouches dans le coffre de ma belle allemande. Un coup de couteau c’est vite arrivé dans ces contrées lointaines et inhabitables aux gens civilisés. Karim voulait voir deux copains, cela ne rallonge pas beaucoup. On s’est installé sur un parking : avec ma tente de toit, c’est le grand confort minimaliste.

Le port, je le connais : pompe à fric, bateaux-jouets qui vont sur l’eau. Rien ne donne envie d’y dépenser un euro. On s’est contenté d’un grand café, comme une manière de marquer le territoire sans se laisser plumer. Qu’ils crèvent ces commerçants qui ne veulent que du fric comme disait Balzac. Demain, nous traverserons le pays de Franco d’un seul trait. Pas besoin de nourrir les péonnes, ces gens si pauvres qu’ils n’avaient même pas les moyens de se payer un vieux cheval. Un cheval qui ne bouffait que du son. Un canasson , ( carne à son ), disait encore le truculent Rabelais .Même le dictionnaire ne connait pas «  cette sémantique »…Un jour, les pauvres ont ouvert la bouche ; la bourgeoisie, grâce à Franco, les a brûlés vifs. Guernica, mon amour.Perpignan ou Madrid, qu’importe : les toreros changent, les taureaux saignent, et les peuples brûlent toujours sous les applaudissements des puissants.

Nous allons rouler vers le sud, avalant les kilomètres comme on avale l’histoire : sans digestion, mais avec le goût amer du pays de Voltaire bientôt entre les mains des pires gens. La France à souvent ce gout de sang, de haine et de mépris.Les paysages vont défiler, oliviers tordus, villages blanchis à la chaux, silhouettes de taureaux géants plantés sur les collines comme des totems publicitaires. Chaque borne kilométrique est une cicatrice : Franco est mort, mais ses fantômes tiennent encore les murs. Les péonnes ont troqué la misère contre des supermarchés, les toreros contre des stades de foot, mais la logique reste la même : spectacle pour les masses, profit pour les puissants.

Et nous, voyageurs de passage, nous plantons notre tente de toit comme une république portative. Un café, une cigarette, un regard sur le ciel : voilà notre luxe. Et puis, je ne vois pas pourquoi je vous prend la tête avec mes carnets de route.

Salut les Français .

Ps : mon dernier bouquin : l'homme qui voulait vivre encore un peu sort dans deux mois. C'est clos, mais je n'en ferai pas de pub.

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