C’est le nouveau grand sujet du jour des politiques : les couples ne font plus d’enfants.C’est pourtant pas neuf cette vieillerie. La cause de ce marasme, ce sont les nouvelles pauvretés, mais il ne faut surtout pas en parler. Tout le monde sait que tous les maux tiennent en deux mots : immigration et insécurité. Bardella a capoté sur le sujet. Sales journalistes qui posent les mauvaises questions. Bientôt ils vont aussi lui demander la position de nos sous-marins nucléaires.
On m’avait demandé, il y a fort longtemps, d’être chef de service dans un foyer maternel à Meaux. Copé, qui est contre toute forme d’aide sociale, avait eu le toupet de venir le jour de l’inauguration. Je lui avais dit d’aller se faire de la pub ailleurs. En fait, tout était fait pour que de très jeunes femmes enceintes gardent leur bébé. Elles étaient aidées au foyer, puis recevaient 2 500 francs par mois pendant deux ans uniquement. Cette allocation était reconduite deux ans à condition que ces jeunes femmes fassent un nouvel enfant.
Comme par hasard, les sociétés HLM avaient réservé des studettes de 11 m² pour la sortie des jeunes femmes du foyer maternelle. Des éducateurs extérieurs étaient chargés d’apprendre à ces jeunes à se nourrir de polenta et à fréquenter les Restos du Cœur et autres lieux comme l’Armée du Salut pour les vêtements. Si ces jeunes trouvaient un travail, l’allocation était supprimée. Le piège était diabolique, et facile, sachant que ces jeunes femmes n’avaient aucune expérience de cette société complexe. J’avais appelé ce système : les enfants de la droite.
Très vite, ces lieux sont devenus violents. Règlements de comptes avec les géniteurs, jalousies, chantages à l’argent, vols, bagarres, coups, pressions, et drogue bien entendu. Des enfants ont donc été placés en famille d’accueil, un travail énorme, tant pour les éducateurs que pour les assistantes sociales de quartier. Le coût caché de ces placements tournerait entre 3500 et 4700 euros par mois, mais l’opacité règne à ce sujet.
Que ce soit l’agriculture, l’industrie ,la santé, la vie sociale, tout est devenu gestion, tout est devenu calcul, tout se fait contre les individus. Ce sont des calculs froids, sans humanité, sauf un vernis pour faire illusion. Le pays ne peut plus se permettre de faire des choses qui ont du sens pour les individus. L’individu ne compte pas, ne compte plus ; ce qui compte, ce sont les comptes. Pas besoin de se coltiner dix symposiums sur cette question pour comprendre. Les grands développements façon thèse à La Sorbonne ça va 5 minutes.
Piketty dit pourtant, et je suis d’accord avec lui,que la destruction du tissu social et des services publics sont la pauvreté de demain. Nous en avons l’exemple avec la mondialisation, qui n’a apporté que du chômage de masse, la perte de la société assurantielle, la mort des campagnes et l’augmentation effroyable du prix de l’immobilier et des loyers. Qui a dit : nous avons encore une protection sociale de pays riche, mais une économie de pays pauvre ? Quand nous traversons la France, qui était si prospère il n’y a pas si longtemps, nous constatons que maintenant tout est à vendre ou à louer.
Les Français sont perdus. Il reste les fascistes du RN, les révoltes sporadiques, la drogue partout, la violence.
PS : Je suis resté dans ce foyer trois mois afin de le mettre en action et de contrôler les tutelles. De toute façon, les filles étaient là : le mieux, c’était de les aider. Ensuite, je suis parti travailler ailleurs😀