
Agrandissement : Illustration 1

Danser sur un volcan, c’est refuser la posture du spectateur. C’est entrer dans la lave des idées, dans le feu des contradictions. Nietzsche appelait à devenir poète de sa propre vie, à ne pas subir le monde mais à le transfigurer. Et aujourd’hui, alors que les machines écrivent, que les algorithmes décident, que les plateformes modèlent nos désirs, cette danse devient urgente.
Les hommes neufs, chez Nietzsche, sont ceux qui brisent les carcans, les morales figées, les vérités prémâchées. Ce sont les créateurs de valeurs, les danseurs au bord du gouffre, les flâneurs de l’abîme. Ils ne cherchent pas à répéter, mais à inventer. Pas à plaire, mais à transfigurer.
Mais qui sont à contrario , ces philosophes de portes cochères et de vespasiennes, qui officient dans les médias Bolloré pour nous dire que la haine, la violence, la fausse information sont devenues choses normales ? Que défendre les riches contre les pauvres serait une valeur suprême ? Que Mediapart, ce journal d’enquête, serait une officine haineuse, alors qu’il est l’un des derniers bastions de la noblesse journalistique ?
Ces penseurs à la ramasse applaudissent sans doute le Groupe Fayard, qui désormais célèbre ce qu’il y a de plus vil, de plus « laiteux », de plus raciste, de plus immonde. Platon les appelait des doxosophes, ces demi-savants de la science, prétentieux-imbéciles, stériles. Jean Rostand, lui, était plus direct : la boue attire la boue disait-il. Il faut voir notre monde en miroir. Même brisé, ce miroir peut encore renvoyer des éclats de vérité. Il peut saboter les récits dominants, détourner les outils du capital pour en faire des armes poétiques, critiques, libératrices. Il peut, parfois, refléter une résistance.
Nietzsche, Voltaire, Baudelaire, et même l’horrible Heidegger, Hitler, se sont nourris de la pensée du poète Joachim du Bellay, qui déjà nous invitait à danser sur les volcans :
Nous retiendrons ces vers.
Que songes-tu, mon âme emprisonnée ?
Pourquoi te plaît l’obscur de notre jour,
Si pour voler en un plus clair séjour
Tu as au dos l’aile bien empannée ?
Ne crains pas la mort, nous dit-il. Vis ta vie en poète.C'est l'idée qui est propice au génie.
Mais qu’est-ce que cela veut dire ?
Cela veut dire, qu‘il faut apprendre à être heureux dans chacun de nos combats que l’on dois mener pour que le monde soit plus juste, plus humain, et même trop humain. Il faut apprendre le bonheur de regarder la mer monter et descendre, sans jamais cesser de danser. Bobin en parlait aussi. Voilà leur héritage. Par contre, tous ces pseudos philosophes de droite et d’extreme droite ne sont que de sombres crétins opportunistes qui seront vite mis au rang des imbéciles par le sel de notre esprit. Les milliardaires sont loin d’avoir gagné la partie.`