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Il paraît que quelques roues arrière en scooter suffisent à faire trembler toute la France. C’est du moins ce qu’on lit dans le triste torchon qu’est Causeur, ce journal d’opinion qui confond chronique et panique.
Causeur est au journalisme ce que les revues santé de Bolloré sont à la médecine : un simulacre. J’ai jeté un œil à ce papier alarmiste, et j’y ai découvert que la République vacille parce que quelques jeunes s’amusent à lever leur guidon dans les cités. Brigitte Bardot, recluse dans sa villa de milliardaire à Saint-Tropez, n’ose plus sortir. Le fiston Sarkozy, planqué à Menton, tremble d’effroi. On frôle le ridicule.
J’ai pratiqué le trial pendant dix ans, un sport moto d’équilibre, de maîtrise, de roues arrière justement. J’en ai fait des milliers, mais dans un cadre adapté : chemins déserts, sablières, forêts. Notre terrain de jeu était vaste, libre, loin des rues encombrées. À Caen, grande ville s’il en est, je n’ai jamais vu un seul gars faire une roue arrière en pleine rue. C’est comme les accidents de ballon : on vous vend le football matin, midi et soir, mais dans les cités, les rares terrains sont toujours réservés. Et comment aller à la piscine, à six kilomètres, quand l’entrée coûte six euros et qu’on n’a pas un sou ?
J’ai fini par abandonner ce sport mécanique. Trop de contraintes : adhésion obligatoire à une fédération, assurances hors de prix, publicité imposée pour le Crédit Agricole, Total, les huiles moteur. Les compétitions se déroulaient toujours plus loin, à des tarifs exorbitants. Une moto de base coûtait 1 200 euros ; aujourd’hui, c’est 6 000. Vous me direz que le sujet est secondaire. Je vous réponds que c’est tout le contraire : le sport sain est une culture, une école de vie, de santé, de camaraderie. Le sport sur canapé, devant un écran, en ingérant des saletés chimiques, isole, abrutit, empoisonne.
Si les roues arrière font un mort et deux blessés par an, les autres sports en causent des centaines notamment les sports d'hiver, les voitures de monsieur Tout-le-Monde, des milliers. Les fous du volant ne manquent pas.
Et ce journal qui prétend « causer » refuse toute contradiction, bien entendu. Causeur, c’est la très sainte Église catholique romaine : Dieu se penche sur ses brebis, Dieu a dit, gloire à Dieu, et autres calembredaines pour esprits racornis, racistes, incultes, haineux.Et que je sache Causeur journal putride qui avance vivre de ses lecteurs maigrelets vit de Bolloré....On est pas que des menteurs, nous...
Photo: Jordi Tarres, champion du monde de trial.