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Publié en 1852 l’ouvrage d'Hermann Melville deviendra par la suite un best-seller au même titre que les raisins de la colère de Steinbeck. Il ne s’agit pas uniquement de la vengeance d’un homme qu’un cachalot géant a mutilé en lui dévorant la jambe. Il s’agit avant tout d’une critique de la société dans laquelle va apparaitre le cannibalisme de subsistance .
La baleine est devenu le pétrole de l’époque .Tous les pays veulent cette huile magique qui chauffe, éclaire, soigne , nourrit. Pour extraire le plus rapidement cet or issu de l’eau bleue , les Américains vont entreprendre un gigantesque projet de captation de cette richesse . C’est la naissance des premiers navires-usines. Tout est fait à bord. Plus besoin de ramener les prises à terre, le pillage des mers est à son apogée .Il faut absolument exploiter le plus rapidement possible ce gisement avant que d’autres ne s’en emparent .
C’est la naissance de l’industrie de la baleine sur des bateaux en bois. À sa sortie , cet ouvrage passe inaperçu ; c’est lorsque le message est décodé qu’il deviendra une référence car Herman voit loin , très loin . Herman comprend très vite que cette société industrielle qui se dessine va devenir la pire des sociétés .Moby Dick est donc un roman a échelle , c’est une auberge Espagnol , on y trouve ce que l’on est capable de comprendre.
Pourtant , les hommes vont rapidement épuiser cette manne pillant sans compter les océans et sans laisser aux cétacés le temps de se reproduire .Ils mangent donc le capital de la mer au lieu de vivre de ses intérêts .C'est la naissance du capitalisme le plus dur donc parle Machiavel dans le prince .Finalement , ce bateau sera détruit par la baleine géante , et des hommes finiront par errer en mer dans un canot de sauvetage .
L’horrible faim conduira les pauvres naufragés à dévorer les corps de leurs compagnons morts d'épuisement , et même à exécuter l'un d'entre eux après tirage au sort. Le bateau qui porta secours aux naufragés qui dérivait en mer depuis des mois, découvrira des hommes au regard vide, affamés en train de sucer la moelle des os des morts qu’ils avaient brisés.
C’est le terrible message d'Hermann Melville. Un jour , nous en arriverons à nous dévorer entre nous pour survivre. L'histoire des hommes n'est que l'histoire de la pire prédation , de la violence , de la barbarie, du cynisme , de la désinvolture industrielle criminelle. Le capitalisme est un hydre qui finit pas se gaver de son propre sang. A ce jour , cette bête vît son agonie et nous sommes tous dans la chaloupe.