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Mustapha Ait larbi

Intellectuel dubitatif. Guitariste a l'occasion. Né Algérien par hasard ce, comme les Français. Par hasard !

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Billet de blog 24 décembre 2025

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Je lisais hier un journaliste japonais qui écrivait : le retour du kamikaze.

Dans un monde où les nations s’épuisent à compenser leur propre défaillance, les mêmes mécanismes se répètent : dénatalité, importation de main-d’œuvre, montée des extrêmes, abandon des jeunes. Du Japon à la France, un même fil se tend, et il menace de rompre.

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Le Japon accuse depuis de nombreuses années un fort déficit de natalité. La vie y est devenue insupportable, trop difficile, trop aléatoire dans ces immenses cités surpeuplées où trouver une simple chambre de bonne relève déjà de l’idéal. Pour pallier cette dénatalité, le pays fait appel à des travailleurs immigrés et entend accélérer la cadence. Aussitôt, l’extrême droite monte au créneau avec son slogan : les Japonais d’abord. Bien entendu, le succès est au RDV.

Le même phénomène gagne la Chine, qui tente elle aussi de combattre la dénatalité par des lois très dures. L’extrême droite est devenue une constante : les mêmes causes produisent les mêmes effets. L’homme n’est plus un chasseur-cueilleur ; il ne peut plus vivre que de son travail. Les riches, eux, ont un autre souci : capter toujours plus de richesses. Les immigrés choisis dispensent désormais les pays de former leurs propres jeunes générations.

Tout est lié. La France a fait la même chose : produire dans des pays à bas coût, abandonner sa jeunesse, ne plus former de cadres, et tout cela au nom des Français d’abord. La machine à crétins tourne à plein régime. La police blesse ou tue des manifestants pacifiques et non dangereux, tandis que la justice relâche, avec un simple rappel à la loi, un individu qui en est à son sixième vol de véhicule.

Encore une fois, tout se tient. Et pendant que les nations bricolent des solutions de fortune, pendant qu’elles importent des bras comme on importe des pièces détachées, personne ne pose la seule question qui vaille : comment veut-on vivre. On parle de natalité comme d’un indicateur économique, jamais comme d’un choix de vie. On parle d’immigration comme d’un flux, jamais comme de destins. On parle de sécurité comme d’un spectacle, jamais comme d’une relation. Tout est devenu gestion, tableau, graphe,  optimisation. L’humain n’est plus qu’une variable d’ajustement, un coût, une charge, un risque. Alors évidemment, les sociétés se crispent.

Elles se replient. Elles cherchent des coupables. Elles réinventent des frontières imaginaires pour masquer leur propre faillite. L’extrême droite prospère sur ce vide, comme la moisissure prospère sur l’humidité. Elle promet un retour à l’ordre, mais c’est l’ordre de la peur, l’ordre de la fermeture, l’ordre de la rancœur. Pendant ce temps, les jeunes s’en vont, vendent de la drogue,  ou s’effondrent, ou se taisent. Ils n’attendent plus rien. Ils survivent. Ils bricolent des vies dans les interstices. Ils apprennent à ne plus croire aux récits officiels. Ils savent que personne ne viendra les sauver. Et pourtant, c’est là que tout pourrait recommencer.

Karim, Mustapha, Mauritanie le 23/12/2025.

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