Il suffit de lire différents journaux pour constater à quel point notre société se fissure à travers les abus de langage. Les mots, loin d’être de simples outils de communication, deviennent des armes idéologiques, des marqueurs d’appartenance, des leviers de domination.
Dans chaque champ discursif, le locuteur doit calibrer son discours selon les valeurs en vigueur. Il ne parle pas pour dire, il parle pour être entendu — et donc pour être accepté. Cette adaptation stratégique transforme le langage en monnaie d’échange : on parle comme on vend, on vend comme on pense. Les mots ne tombent pas du ciel. Ils sont fabriqués, choisis, répétés, calibrés. Dans les médias, cette fabrique est permanente, invisible, mais terriblement efficace. Elle façonne notre perception du monde, elle oriente nos indignations, elle dicte nos silences.
Chaque mot médiatique est un produit. Il a une cible, une fonction, une charge émotionnelle. On ne parle pas de réfugiés mais de "migrants", pas de grève mais de "blocage", pas de violences policières mais de "débordements". Ces glissements ne sont jamais anodins : ils déplacent le centre de gravité du débat.
C’est ainsi que certains courants politiques, notamment l’extrême droite, cherchent à imposer leur lexique comme une nouvelle norme. Ils ne se contentent pas de nommer : ils redéfinissent. "Woke", "islamo-gauchiste", "patriote", "ruissellement », autant de termes qui, sous couvert d’objectivité, sont chargés de présupposés, de jugements, de récits implicites. Le néo-conceptuel devient l’ordinaire, et l’ordinaire devient idéologique.
Ce glissement est insidieux. Il ne s’agit pas seulement de mots, mais de mondes. Chaque terme imposé est une victoire symbolique, une conquête du réel. Et à force de répéter, on finit par croire. À force de croire, on finit par oublier que d’autres mots étaient possibles.Il est urgent de réapprendre à écouter les mots. À les décortiquer. À les refuser, parfois. Car derrière chaque mot médiatique, il y a une intention. Et derrière chaque intention, une vision du monde.
Mais ne vous inquiétez pas, c’est Nicolas qui paie nous dit-on….On retrouve derrière cette expression ce que les anciens appelaient l'argot ou le langage des voyous qui voulaient dire les initiés. C'était aussi le langage des criminels...( Art-go )