Etre libre est un art. C’est une déclaration qui refuse la liberté comme simple état ou droit. Elle la revendique comme pratique, comme discipline, comme esthétique. Être libre, ce n’est pas fuir les contraintes, c’est les transfigurer. C’est savoir dire non avec élégance, et oui avec lucidité. Le travail pour produire de la monnaie papier et de la pollution est une tare, c’est devenu malheureusement le cœur du système productiviste : une machine à fabriquer du vide, du toxique, du quantifiable sans qualité. Il ne faut pas condamner le travail en soi, mais sa réduction à une fonction absurde : produire pour détruire, accumuler pour aliéner.
Cela me fait penser à Ivan Illich *, qui voyait dans la société industrielle une confiscation des savoirs vernaculaires, des gestes libres, des rythmes humains. Ou à Rousseau qui distinguait le travail comme nécessité de survie plaisante, et l’œuvre comme acte de liberté.
Illich aurait ajouté : ( l’art ), c’est un art qui se cultive dans la déscolarisation du regard, la déprofessionnalisation du lien, et la réinvention des outils. Georges Bataille aurait rajouté aussi : L’art c’est ce qui véhicule l’enthousiasme, c’est ce qui rend heureux , c’est d’abord l’art de cultiver un lien social fort pour évoluer tous ensemble, et pour le profit de tous.
Les grecs appelaient cela la phronèsis , l’art le plus haut, la plus grande vertu, le plus belle des éthiques. Il est urgent de revisiter les Grecs à la lueur de notre présent.
* Illich : une société sans école.
* Georges Bataille : la part maudite.