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Jeff Bezos annonce la suppression de 30 000 emplois de bureau. Demain, ce seront des centaines de milliers dans les entrepôts. Les robots intelligents arrivent, les IA s’installent, les machines cueillent les fraises et assemblent les voitures sans main humaine. Mais ce n’est pas l’ouvrier qui licencie. Ce n’est pas le robot qui réclame des dividendes. Ce n’est pas l’IA qui exige des taux de rentabilité.Ce sont des hommes. Des stratèges. Des politiques. Des milliardaires. Des idéologues. C’est le retour des raisins de la colère mais sans colère vraiment visible. L’illusion technologique est de nouveau en marche.
On nous présente l’automatisation comme une fatalité. Comme une vague irrésistible. Mais cette vague a des pilotes. Elle a des architectes. Elle a des bénéficiaires.Oui, nous pourrions déjà remplacer 70% des emplois. Oui, des usines chinoises produisent sans ouvriers. Oui, des robots cueillent 250 fois plus vite que des humains. Mais ce n’est pas la technologie qui menace l’emploi, c’est l’absence de vision politique.
Einstein pensait en paradoxes. Eco en labyrinthes. Freud en abîmes. Et nous, que faisons-nous ? Nous pensons en tableaux Excel. L’avenir ne se prédit pas, il se pense. Le journal ne peut porter cette vision. Ce n’est pas sa fonction. Mais nous, saboteurs tranquilles, flâneurs lucides, nous pouvons.Nous devons penser l’avenir comme une œuvre collective. Une œuvre de justice. Une œuvre de sens.
Ce n’est pas l’intelligence artificielle qui déshumanise le travail, c’est l’absence d’intelligence politique. Ce n’est pas le robot qui licencie, c’est le milliardaire qui l’orchestre. Et ce n’est pas l’innovation qui menace l’emploi, c’est l’idéologie qui refuse de redistribuer ses fruits.
Ce n’est pas que personne ne pense l’avenir. C’est que ceux qui le pensent le font contre nous. Il est temps de penser autrement. De penser avec lenteur, avec ironie, avec lucidité. De penser pour les vivants.