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Billet de blog 28 octobre 2025

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La prison, cette aspirine sociale

L’incarcération de Nicolas Sarkozy illustre une fois de plus l’impasse du tout-carcéral. Quand l’extrême droite s’emballe, elle brandit la prison comme solution miracle, comme si l’enfermement pouvait guérir les maux d’une société malade de ses racismes et de ses tares.

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Illustration 1

L'incarcération de Nicolas Sarkozy illustre une fois de plus l’impasse du tout-carcéral. Quand l’extrême droite s’emballe, elle brandit la prison comme solution miracle, comme si l’enfermement pouvait guérir les maux d’une société malade de ses racismes, et ces mêmes élu.es condamnés pour vol à grandes échelles ce qui relève du grand banditisme.

Mais les vrais problèmes ne sont pas là. Les vrais problèmes seraient l’immigration, cible obsessionnelle des médias de droite et de l’empire Bolloré. Il faut bien faire diversion. Les Français, eux, placent la santé et le pouvoir d’achat en tête de leurs préoccupations. Seuls deux français  sur dix disent que l’immigration leur pose problème. Le reste est bruit médiatique, diversion stratégique.

L’immigration répond à des besoins structurels : dénatalité, pénurie de main-d’œuvre, précarité géographique. Elle sert aussi à masquer les exclusions internes, les misères des banlieues reléguées, isolées, oubliées.

Et que dire du cas Sarkozy, comme de celui de Palmade ? L’un magouille, l’autre se drogue. Aucun des deux ne trouve la guérison derrière les barreaux. La prison, dans ces cas-là, n’est qu’un placebo. Une aspirine sociale. On enferme pour soulager l’opinion, pas pour résoudre.

La prison, dans nos sociétés pressées, joue le rôle d’un correcteur cosmétique. On applique une couche d’enfermement sur les visages abîmés du système, et l’on prétend que tout va mieux. C’est le fond de teint de la République : opaque, uniforme, et incapable de traiter les causes.

On enferme pour ne pas penser. On enferme pour ne pas soigner. On enferme pour ne pas redistribuer. La prison devient le cache-misère des politiques paresseuses, le refuge des gouvernements sans imagination.

Et pourtant, derrière les barreaux, rien ne se répare. Les addictions restent intactes, les violences se perpétuent, les injustices se creusent. La prison ne guérit pas, elle recycle. Elle transforme les exclus en habitués, les marginaux en statistiques, les pauvres en récidivistes.

Pendant ce temps, les vrais fauteurs de troubles, pollueurs, spéculateurs, corrupteurs, circulent librement, parfois décorés, souvent médiatisés. Ils ne font pas de prison : ils font des conférences, tiennent tables garnies, chassent la Bécasse en Sologne et le même gibier sur les marchés le samedi matin.  Fillon, Le Pen, Dati, Wauquiez et tant d'autres qui adulent la prison ne méritent alors aussi que d'en visiter les sinistres recoins. On adore Homère sans avoir lu l'Iliade et l'Odyssée en quelque sorte...

Alors oui, le tout prison masque. Il maquille les échecs, il farde les renoncements, il camoufle les lâchetés. Et il nous empêche de penser autrement : en termes de soin, de réparation, de justice sociale.

Le tout prison c'est aussi con que le bagne et la peine de mort. Sarkosy n'est que la  " pauvre " victime de ce système qu'il à tant aimé. Il nous faudra reprendre encore une fois les mythes grecs si nous voulons sortir de cette boue immonde.

Ps: lorsqu’on se donne la peine de multiplier les pains ou de marcher sur les eaux, c’est que l’on est en faute d’arguments.

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