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Mustapha Ait larbi

Intellectuel dubitatif. Guitariste a l'occasion. Né Algérien par hasard ce, comme les Français. Par hasard !

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Billet de blog 30 septembre 2025

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ll est revenu le temps des barbares.

Ce court texte retrace la lente désintégration du tissu industriel et la montée d’un discours politique qui transforme la précarité en culpabilité. Entre délocalisations, chômage de masse et glissements idéologiques, il interroge la brutalité d’un système qui, faute de colonies à exploiter, se retourne contre ses propres citoyens.

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Illustration 1

Tout commence pour moi en 1975, à mon retour d’un an d’armée. Avant cela, je travaillais dans une usine de production d’acier. Nous étions pauvres, oui, mais nous vivions. Le travail, même rude, donnait un sens à nos journées et une dignité à nos existences. À mon retour, l’usine avait disparu. Fermée. Et les autres ne recrutaient plus. Le mot d’ordre avait changé : externaliser la production. Le pétrole coûtait trop cher, et on désignait les Arabes comme responsables. Déjà, le bouc émissaire était en place.

Le discours dominant s’est retourné contre nous. Nous étions désormais les nantis, les gaspilleurs, les enfants gâtés du modèle social. Il fallait aller chercher le travail là où il se trouvait, ailleurs. Ce discours, on le retrouve encore aujourd’hui, quand Macron nous dit qu’il suffit de traverser la rue pour trouver un emploi. Ce n’est pas une injonction, c’est une gifle.

Le travail est parti. En Chine, en Roumanie, au Maroc. On nous explique que ces pays savent produire à moindre coût, que nous sommes trop chers, trop lents, trop exigeants. Ce discours simpliste, relayé par la droite et ses médias: L’Aurore, Le Figaro, et leurs avatars modernes, séduit parce qu’il masque la réalité : une prédation économique portée à un niveau jamais atteint. Puisque nous ne pouvons plus exploiter les colonies, nous exploitons nos propres peuples. Ou pire, nous les laissons à l’abandon.

Le chômage explose. Un million, deux millions. Et avec lui, la peur. La droite s’affole. Elle ne craint pas le chômage, elle craint ce qu’il révèle : l’échec d’un système. Alors, elle détourne le regard. Le danger n’est plus le chômeur, mais l’étranger. Le discours glisse du refoulé social au grand remplacement. On ne parle plus de précarité, mais d’identité. On ne cherche plus à réparer, mais à exclure.

Ce retour des barbares n’est pas celui d’un peuple venu d’ailleurs, celui de réfugiés qui fuient une misère devenue insupportable. Ce barbare,  c’est celui d’une pensée brutale, d’une économie sans visage, d’un pouvoir qui ne protège plus mais qui pille. Le barbare, aujourd’hui, c’est celui qui détruit les solidarités, qui méprise les vies modestes, qui transforme la misère en faute morale.

Et nous ? Nous sommes là. Fatigués, mais debout. Parce que vivre, ce n’est pas seulement survivre. C’est résister.

Ps: des oranges pour Sarkosy.

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