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Mustapha Ait larbi

Intellectuel dubitatif. Guitariste a l'occasion. Né Algérien par hasard ce, comme les Français. Par hasard !

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Billet de blog 30 octobre 2025

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Fruits rouges: reconversion réussie

Mais cela ne changera pas l’ordre du monde, ( et une pensée de Bukowski).

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Illustration 1

J’ai rencontré Pierre un matin sur une plage, en allant pêcher le bar. Nous avons très vite engagé la conversation. Maryse et Pierre ont 38 et 42 ans. Ils étaient professeurs en région parisienne. Chaque été, ils fuyaient vers les Landes.La violence scolaire, la pauvreté rampante, les réformes absurdes avaient fini par les user. Le métier ne tenait plus que par habitude.Un jour, en vacances, ils tombent sur une ancienne fermette à vendre : deux hectares, une prairie, un bois.

« À l’époque, les prix étaient encore raisonnables ce qui n'est plus le cas aujourd'hui », dit Pierre.

Maryse, elle, rêvait depuis longtemps de fruits rouges. Sa mère en faisait des jus qu’elle vendait au marché. Elle à ses recettes, elle ajoute des épices, mais chut c'est un secret de famille. C’était une époque où l’on cultivait encore quelque chose. Ils achètent. Pierre obtient une mutation. Le crédit sur dix ans coûte moins cher que leur loyer francilien. Ils s’installent.Maryse plante dix mille pieds : cassis, groseilles, mûres sélectionnées, mais aussi cerisiers, pêchers, poiriers.  Le rendement est bon, la pousse rapide. Pierre pêche. Il remplit le congélateur de poissons, ils ont des protéines. Ils font un jardin, achètent des poules, se chauffent au bois.

Ils ont aussi un puits et installent quatre panneaux solaires.Tout est pensé. Rien n’est laissé au hasard. C'est le système vertueux logique, l'économie "vraie " comme disait R. Reich ( Prix Nobel). Maryse monte une petite société. Elle vend ses sirops sur les marchés. Des restaurateurs viennent vite s’approvisionner chez elle. Un téléphone, une tablette, un véhicule utilitaire, et le tour est joué. Pierre achète une moto 125 Tchèque pour aller travailler, et fait un peu d’enduro le week-end, comme au temps de sa jeunesse. Le soir, ils lisent près de la cheminée. Des classiques, des nouveautés, mais aussi l'information du monde. Ils ont retrouvé du temps pour eux, mais aussi la paix .Je suis retourné les voir il y a deux ans. Tout était devenu beauté. Que vous dire de plus ? Nous avons pêché de superbes soles. Ils ont réussi leur reconversion.

Addendum

Ils ont retrouvé le goût des fruits rouges, des livres, du bois qui crépite. Mais ils n’ont jamais cessé de penser au monde. Ils enseignent encore, ils donnent le surplus au secours populaire.

À côté, d’autres fuient aussi. Mais sans mots, sans mémoire, sans colère.Ils veulent juste vivre tranquilles, et  égoïstement . Et c’est là que le folklore commence pour en faire des vidéos qui passent sur Youtube.

Car fuir sans dénoncer, c’est laisser faire. Mais cela ne changera pas l’ordre du monde. L’échappée belle n’est pas une solution.

Ps : ce petit texte en raccourcis à fait l'objet d'une publication en plus étayée pour une Fac dans la série ethno-méthodes en 2001.

* Robert Reich : super capitalisme. L'économie mondialisée.

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Petit supplément pour mes lecteurs.

La perfection me dégoûte.

Toutes ces femmes et ces hommes qui cherchent la perfection dans les stéréotypes créés par la société me font vomir. Foutus mannequins de viande, sans personnalité ni amour pour eux-mêmes. Mêmes vêtements, même musique, mêmes expressions, mêmes aliments, mêmes galipettes, mêmes voitures, mêmes vies... et finalement ? Mêmes suicides neuronaux de masse. Parce que vivre comme un automate est sans aucun doute un suicide. Quand tout le monde est pareil, tout le monde n’est personne. La perfection est un petit oiseau en cage qui vit, mange, chie et meurt dans le seul but d’être admiré. je veux vivre libre, frigorifié, affamé, mais libre."

Charles Bukowski

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