
Et si l’économie n’était pas affaire de manque, mais d’excès ? Dans La Part maudite (1949), Georges Bataille montre que toute société produit plus qu’elle ne consomme. Ce surplus doit être dépensé : en arts, en fêtes, en luxe… ou en guerres. L’homme n’est pas seulement un calculateur : il est aussi un être de gaspillage et de démesure. Un livre qui éclaire notre monde de consommation effrénée.
Ce n’est pas le manque qui fait tourner le monde, mais l’excès.
Quand une société ne sait plus quoi faire de son surplus, elle choisit : la fête… ou la guerre.
L’homme n’est pas seulement un producteur, il est aussi un prodigue, parfois sublime, parfois monstrueux.
L’essence de l’économie n’est pas l’accumulation, mais la dépense. – Georges Bataille
La Part maudite – Georges Bataille (1949)
Il y a des livres qui se lisent comme une gifle, d’autres comme une illumination. La Part maudite de Georges Bataille est des deux. Cet essai déroutant propose une théorie de l’économie qui n’a rien à voir avec les chiffres, les bilans ou les plans de rigueur. Bataille ne parle pas de rareté, mais d’excès. Pas de gestion, mais de dépense.
L’idée forte de Bataille c’est que toute société produit plus qu’elle ne peut consommer. Cet excédent d’énergie – qu’il vienne de la nature ou du travail humain – doit être dépensé. Bataille appelle cela « la part maudite ». Et cette dépense n’est pas forcément productive : elle peut être somptueuse (arts, fêtes, dons, luxe) ou destructrice (guerres, sacrifices, violence). Autrement dit : l’homme n’est pas seulement un être de calcul et de profit. Il est aussi un être de gaspillage, de démesure, de sacrifice. Quelques exemples parlants : les pyramides d’Égypte : monuments inutiles mais grandioses.Les potlatchs amérindiens : fêtes où l’on donne tout pour affirmer sa puissance. Les guerres mondiales : dépenses insensées d’hommes et de richesses.À chaque fois, le surplus trouve son exutoire.
Pourquoi c’est important : Bataille nous force à regarder ce que l’économie classique cache : l’inutilité, le sacré, la part irrationnelle de l’homme. Nous croyons vivre dans une société de gestion rationnelle, mais nous continuons à brûler nos excédents dans des logiques de prestige, de violence ou de spectacle.Aujourd’hui , dans notre monde saturé de consommation et de finance, La Part maudite résonne étrangement. Que faisons-nous de nos surplus ? Nous les engloutissons dans des guerres absurdes, des fêtes technologiques, des excès de luxe, des records de vitesse. Le problème n’est pas seulement de produire : c’est de savoir comment nous dépensons ce trop-plein. La Part maudite nous rappelle que l’homme n’est pas seulement un animal économique : il est aussi un animal de dépense, parfois sublime, parfois monstrueux.
Les propos de Bataille dans La Part maudite sont puissants parce qu’ils renversent la logique dominante. Là où l’économie classique nous dit : « tout est affaire de rareté, de calcul et d’efficacité », lui affirme : « non, le moteur de l’homme, c’est l’excès, le trop-plein, la dépense ». Mais il y a un point délicat : Bataille semble dire que cette dépense est inévitable, presque une loi universelle. Là, je suis plus nuancé. Peut-être qu’avec de la conscience, de l’éducation, une autre organisation sociale, on pourrait orienter ces surplus autrement : non pas vers la guerre ou le gaspillage ostentatoire, mais vers la création, la beauté, le soin des autres, la nature.
Rien ne se perd, tout s’embrase. » – Mustapha.77 ( texte déposé )
Ps: le mariage de J.Bezos à été l'exemple même de cette débauche, de cette pornographie économique .