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Billet de blog 25 décembre 2021

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Les appels de l'âme

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Dès qu’un livre est achevé,  l’écrivain reçoit un appel : l’appel  de l’âme. Une autre épigraphe, un roman peut-être, une Nouvelle, un récit, un essai  frappe déjà  à la porte. Il attend  pour qu’on lui ouvre. Mais cette ébréchure n’est pas évidente. Elle ne ressemble pas aux entrées des lieux ordinaires. Car elle s’ouvre sur des champs jamais connus, jamais labourés, jamais imaginés. Cela ressemble plutôt à une énorme et terrifiante vague dans un océan en agitation. La vague ressasse et  digère en même temps toutes sortes de phylogénétiques de ces fabuleuses créatures aquatiques. Mais dans le gigantesque estomac de la vague tournent  et se bercent un tas de pierres précieuses comme s’ils se fomentaient dans un volcan océanique. La vague, après un très long voyage en tornade d’eau océanique vint embrasser brutalement les contours d’une plage inconnue connectant terre et mer. Les algues iront reverdir et ranimer encore  les rochers dormant depuis des  temps abyssaux ; les gemmes iront se perdre soigneusement dans cette amplitude de graines de sable dans la plage. Tout le monde est capable d’observer la sainte ramée des rochers, mais seul l’écrivain est capable de considérer une par une les pierres précieuses consciencieusement doucereuses dans l’univers du sable suintant. Il les estime une à une, différenciant les émeraudes des rubis,  les diamants des saphirs grâce à cette magie que lui, seul, séquestre les discrets : la magie des verbes. Mais reste encore la transcription de l’appel de l’âme, le nouvel appel, pour  la nouvelle épigraphe. C’est encore loin d’être évident. Car l’appel est là, très retentissant par les forces que procure   l’âme, or, il est loin d’être complètement décrypté. Il faut le démêler, mais, dicte l’âme, tout doucement, paisiblement. En effet, il s’agira de vies à percevoir ou d’éphémérides féeriques à narrer, ou peut-être d’une enchanteresse martienne à révéler, ou juste de vues qu’il faudra accommoder. Il s’agit tout le temps d’une âme qui appelle, et d’un appel qui rétorque aux ordres d’un esprit inhumain qui ne croit qu’à l’instinct humain. Le rubis est pour les fées, le diamant est pour les contes, le saphir est pour les histoires extraterrestres, l’émeraude est pour les prophéties des aperçus.  

    Tout cela impressionne parce qu’il escamote toute explication rationnelle un peu comme nous impressionne la nature dans ses beautés comme dans  ses horreurs, sauf que l’écrivain ne produit jamais ce qui est horreur même quand il nous la décrit. Lui, il ne produit que Le Beau, oui, seul Le Beau est à sa portée : n’avons pas dit qu’il s’agirait uniquement de joyaux ?!

    En répondant à l’appel de l’âme, ce n’est pas l’écrivain qui ramène la vague. Non, lui, il l’attend. Et sachant qu’elle viendra,  portant ses  créatures qu’elle-même n’a fait que croiser dans les tournoiements de l’océan, il suit son instinct  dans le processus des  crues  qu’il prospecte une par une dans une succession que lui seul en détient l’exigence intime. Il ne va pas, par lui-même,  aux aguets ou à l’amorce, mais plutôt il y va par la force d’un instinct  lequel, en le dépassant, il l’oriente. Il suit alors, on dirait des préceptes propres à lui. Ainsi, sachant que la vague ne lui rapporte que les pierres précieuses, il sait qu’il doit être, sans arrêt attentif, car, il sait aussi que cette vague avance, oui, mais l’eau qui la compose, trop remuée, ne la suit pas. Ainsi, il n’en reçoit d’elle que ce qui  a été, durant   le parcours dans le majestueux océan, ce qui a été bien vanné, c'est-à-dire tout ce qui est fait de pureté, de rareté.

   Le voilà, ce produit – le texte – est capté. L’inspiration renait ; quelle joie enfantine ! Celle-ci donnera naissance à un nouveau travail duquel l’écrivain ne tient guère de congé.

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