Ce « Me Too » et ce droit des femmes
Annulé
Mustapha Kholal
1- Le mouvement social ‘’ Me Too ‘’ visant à encourager la prise de parole des femmes est aujourd’hui un mouvement qui devrait être à notre avis généralisé. L’objectif du mouvement, nous le savons, est aussi simple que délicat. Il faut voir loin pour comprendre et soutenir ce mouvement, comme il faut être profondément humain pour encourager son étendu.
Il est simple parce qu’il n’a pas plus de revendications que de pouvoir s’exprimer nettement pour dénoncer les malheurs desquels souffrent uniquement des femmes. Et, il est compliqué pour les raisons que l’on sait ; car vouloir le soutenir en s’engageant en sa faveur, ne manque pas de contre – réactions. Contrairement à ce qu’on suppose, le viol et les agressions sexuelles ont été et sont plus courants. Le mouvement en question ne vise pas plus loin que de permettre aux femmes victimes de ces crimes cruels et douloureux de s’exprimer sur le fond.
C’est l’affaire Weinstein qui fut à l’origine du prélude du mouvement. Et ce furent deux de ces notoires journaux américains (Le New York Times et le New Yorker) qui, en octobre 2017 avaient rapporté qu’une douzaine de femmes accusent Harvey Weinstein, de harcèlement sexuel, d’agression sexuelle ou viol. Mais les accusations ne s’arrêtaient pas, puisque de nombreuses autres personnalités féminines du même domaine de H. Weinstein-l ’industrie du cinéma- lui reprochent des actes identiques. Parce que l’affaire fut particulièrement médiatisée, elle eut bien des retombées internationales et on assistait à des séries d’accusations de très nombreuses personnalités publiques, notamment dans le monde du spectacle, des médias et même dans l’univers des politiques. Un phénomène, sociologique cette fois, prend naissance qu’on n’hésitera pas à surnommer ((l’effet Weinstein)).
On vit alors naitre des manifestations en Amériques des États-Unis, en Amérique latine, en Asie et en Europe, exprimant la révolte des femmes très largement soutenue par toute la société. Les réseaux sociaux explosent, les réactions militantes notamment de gauche et d’extrême gauche multiplient les expressions de soutien de toute forme. De ces expressions on assiste encore jusqu’à nos jours à des débats sur les violences d’hommes de tout âge, de toute liaison de toute espèce, faites aux femmes. Le statut des femmes fut revu encore et encore.
L’histoire retiendra pour toujours ce nom de Weinstein, mais aussi, dans le sens inverse, celui de cette très courageuse femme américaine, Gwyneth Paltrow qui, en 1998, fut la première à évoquer publiquement le comportement de Weinstein.
Devons-nous finir ce paragraphe de notre essai par dire le constat qui accompagne le phénomène que nous venons d’exposer, celui de voir les accusés partout dans le monde tenter de calomnier leurs victimes. C’est un autre phénomène à étudier, mais cette fois, pas seulement par les sociologues, mais aussi et surtout par les psychologues.
2 – Ce sont donc elles, les femmes, encore elles !
Ce sont elles, encore elles, les victimes, toujours les mêmes ! Les femmes, sauf que cette fois, il ne s’agit pas de violences sexuelles, mais plutôt de les priver dans 7 Etats aux Etats-Unis d’Amérique d’un droit acquis depuis déjà cinquante ans. En effet, l’avortement vient d’être interdit en ce mois de juin 2022 !!! Ce n’est pas le gouvernement de Joe Biden, ni le Congres ni le Sénat qui ont annulé ce droit à l’avortement protégé depuis 1973 : Ce sont plutôt des juges, c'est-à-dire la Cour suprême qui, nous le savons, est aux mains des conservateurs. Ira-t-elle plus loin pour interdire d’autres droits comme par exemple la pilule contraceptive ?
L’évènement fut pour l’Europe choquant et démocratiquement inadmissible. Il heurta ainsi la bienséance des Européens. On retiendra dans ce sens le tweet du Président Français Emmanuel Macron où il refuse ladite annulation de la loi de 1973.
Nous savons aussi et surtout que les Etats- Unis d’Amérique est un Etat fédéral dont le système démocratique est considéré par les Américains d’abord une doctrine sacrée et vont plus loin pour se vanter à raison que leur démocratie est typique et édifiante.
L’histoire retiendra aussi que cette exemplarité a été bafouée le 6 janvier 2021 quand des adeptes du Président sortant et candidat pour un deuxième mandat, Donald Tramp, attaquent violemment le Capitole, signe majestueux de cette même démocratie américaine.
Ce jour restera gravé dans toutes les mémoires puisqu’une seule information a dû circuler dans toutes les rédactions du monde entier : A l’appel de Donald Trump, des milliers d’Américains se sont rendus à Washington pour protester contre le résultat de l’élection présidentielle. Le Congrès américain a été pris d’assaut dans un chaos qui n’a pas de nom.
Partout dans le monde, les gens ne croyaient pas leurs yeux en suivant les déroulements des faits violents perpétrés à l’auguste institution de Washington. Convaincus que l’élection perdue par Trump est souillée de falsifications, ces milliers de frondeurs affluent à l’opérante ville profondément démocrate dès les premières heures du jour. Ils étaient venus de tous les Etats-Unis par car entiers, munis de drapeaux Trump 2020 ; ils étaient coiffés de casquettes rouges ‘’ Make America Great Again’’. Le candidat républicain a prévenu que la journée sera ‘’folle’’. Effectivement, la journée, ce 6 janvier américain était incontestablement insensée. Le Président frappe fort et s’adresse encore à ses pisteurs, le ton grave, en tambourinant des paroles des plus mobilisatrices. : ((Nous n’abandonnerons jamais, nous ne concéderons jamais, nous ne reprendrons jamais notre pays en étant faibles)), et finit surtout en disant à ses poursuiveurs exaltés, réunis dans un froid glacial : ((Vous devez être forts)). Trump s’en remet à son vice-président, qu’il appelle à ne pas entériner la victoire du démocrate Joe Biden lors de la session extraordinaire du Congrès qu’il doit présider. Pire, Trump lance en conclusion de son discours : « Nous marchons vers le capitole ». Les partisans s’exécutent alors que les parlementaires des deux chambres entament la procédure de certification des résultats de l’élection présidentielle, Pendant ce temps, les pro-Trump se pressent autour du Congrès. Ils forcent les barrages des forces de l’ordre, la séance de certification fut ainsi interrompue et les deux chambres se trouvent violemment confinés.
3 – En guise de conclusion
On marche sur l’estampille la plus représentative du système démocratique, la plus magistrale, la plus imposante : le parlement, et où ? Aux Etats – Unis ! On annule un droit dans le même pays, un droit acquis démocratiquement depuis 1973 ?
Cet Etat américain, de quel modèle s’instruit-il ? En voilà la question que nous nous posons et se la posent tous les esprits éclairés partout dans le monde.
On ne saurait jamais le savoir !!
Bien sûr il y a eu, ici et là, hier ou avant-hier, et sans vouloir citer tous les mauvais exemples, nous nous suffirons des plus célèbres cas dans l’histoire contemporaine : celui de Pinochet, au Chili, cet émeutier qui prit la tête du coup d’Etat du 11 septembre 1973 contre un gouvernement élu démocratiquement en 1970 et dirigé par le socialiste Salvador Allende. Ce coup d’Etat criminel, a été énergiquement appuyé par les Américains et a bien réussi. Il a bien réussi en instaurant l’une des dictatures les plus sanguinaires dans l’histoire. Une dictature marquée par toutes les espèces de violation des droits de l’homme (plus de 38000 torturés, des dizaines de milliers d’arrestations, plus de 3200 morts et disparus). Et, ce coup d’Etat du 23 février 1981 En Espagne, mené par un groupe de gardes civils sous le commandement du colonel Antonio Tejero. Ce fut heureusement un échec.
C’est dire que toute démocratie est menacée, quel que soit son aspect édifiant, et sa vigueur incontournable.
Mustapha Kholal
(Écrivain et penseur)