Pour Nelson Mandela, l'éducation était l’unique moyen de changer le monde. Et si nous considérions cela d’un autre point de vue ? Et si l’éducation pouvait aussi représenter un frein pour l’avenir de notre société ?
Deux questions sont à mon sens cruciales pour comprendre le conflit israélo-palestinien : comment le système d’éducation israélien contrôle-t-il le récit national et l’histoire du conflit israélo-palestinien ? Symétriquement, comment le système d’éducation palestinien gère-t-il la complexe question d’une identité modelée par plusieurs années d’occupation ?
Étant née et ayant grandi en Israël, j’ai reçu une éducation israélienne. Ce n’est qu’au cours de mon service militaire, durant la deuxième intifada, en 2002, que j’ai pu voir de près les procédures opérationnelles adoptées par l’armée israélienne à l’encontre des Palestiniens. J’ai alors commencé à douter, à remettre en question ce que j’avais appris jusqu’alors. Enfin, bien des années plus tard, j’ai compris à quel point l’enseignement de l’histoire de mon pays était partial et sélectif.
Je me souviens des événements qui durant ma scolarité me paraissaient évidents. Chaque année, par exemple, lors de Yom Hazikaron (jour du souvenir pour les victimes de guerre israéliennes et pour les victimes des opérations de haine), nous récitions les noms des étudiants tués au combat durant leur service militaire, chantions l’hymne et des chants nationaux en hommage aux victimes. Le Jour J, vêtus de blanc, nous partagions la garde du monument sur lequel étaient gravés leurs noms. En groupe, nous répétions les noms à la lueur des bougies, adressant aux passants des regards tristes, pleins de fierté et de patriotisme. Ceci faisait partie de ma vie normale de lycéenne.
Avec This Is My Land, j’ai choisi de retourner en Israël pour observer le système éducatif de mon point de vue d’expatriée, d’observer les méthodes éducatives, le parti pris des instituteurs et l’influence qu’il exerce sur les élèves. J’ai aussi souhaité voir si quelque chose avait changé avec la démocratisation de l’Internet qui permet un accès à l’information plus facile aujourd’hui que du temps de mon adolescence. Enfin, j’espère initier avec ce film un débat sur le pouvoir de l’éducation à changer le cours de l’histoire, à nous faire entendre mieux les uns les autres, à nous apprendre à mieux vivre, ensemble.
Par Tamara Erde, réalisatrice THIS IS MY LAND