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Billet de blog 3 septembre 2009

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chronique d'une fracture sociale

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Je ne sais pas si j'aurais pu être policier. En tout cas quand j'étais plus jeune dans mon quartier il y avait le policier qui nous aidait à traverser. Il était en uniforme noir avec un képi qui lui donnait une allure très classe. Je ne suis pas sûr qu'il était "aimé", mais en tout cas il était respecté par tous comme une figure du quartier que l'on voyait tous les jours et dont la fonction était comprise et identifiée. A côté de cela il y avait l'autre police, la "vraie" "secours" ou "judiciaire", celle qu'on ne voyait que très rarement mais qui impressionnait dans ses interventions car elle indiquait que quelque chose de grave et important s'était produit. On avait pour ces agents un mélange de crainte, d'admiration et de respect, certainement dû au fait que leurs missions étaient dangereuses et sérieuses et qu'on ne voulait pas risquer d'avoir maille à partir avec eux.

Entre temps à partir des années 90 la population de mon quartier a changé principalement sociologiquement mais aussi démographiquement. De plus en plus de familles nombreuses vivant sur un seul salaire voire même parfois aucun, des jeunes investissant les rues de plus en plus tôt en terme d'âge et de plus en plus tard en terme d'horaires. En bref le glissement progressif vers une sorte de communautarisme social. Je constate que mon quartier n'est pas le seul à être entré dans cette spirale et le schéma est étonnement identique dans des "cités" aux 4 coins de la région parisienne et même aux 4 coins de la France.

Les politiques ainsi que leurs clientèles, "bonnes gens" des classes moyennes et bourgeoises toutes tendances confondues ont tout bonnement fermé les yeux car ce n'étaient pas eux qui étaient concernés mais des "immigrés" (noirs et arabes sans autre considération) ou des "exclus" (terme utilisé souvent pour désigner les blancs pauvres). Rien n'a été pensé en terme de politique pour éviter la faille de plus en plus béante qui se creusait entre nos cités et le reste du pays. Tout ce qui faisait le lien social a disparu dans mon quartier, les commerces de proximité ont fermé car trop souvent cambriolés, plus de poste, seuls sont restés le boulanger et le pharmacien, qui faisaient office de guerriers tellement leur situation était difficile. Les trafics en tous genres ont logiquement proliféré et avec eux une loi de la jungle très proche à mon avis du monde libéral dans lequel on vit. Le policier qui nous faisait traverser a pris sa retraite et a été remplacé par la BAC de Jospin et police secours par les pompiers escortés par des cars de CRS.

Plutôt que de chercher des solutions pour redéfinir le vivre ensemble, on a préféré mettre les habitants dans des prisons à ciel ouvert avec la BAC et les CRS comme gardiens.

Je peux critiquer les policiers sur leurs comportements et sur leurs méthodes dans les quartiers mais pas franchement sur leur engagement car tout comme nous ils ont été abandonnés par la société. Ils se sont retrouvés en première ligne avec les profs et les associations face à une situation pour laquelle personne n'a voulu réfléchir vraiment.

M. Sarkozy a su habilement surfer sur la vague depuis 2002 pour se faire élire tout en faisant croire au gens qu'ils pourraient faire l'économie de la réflexion sur ces problèmes. Le peuple n'avait rien à craindre, lui allait nettoyer tous ces problèmes au Karcher avec ses petits bras musclés. Le français moyen pouvait dormir tranquille, il n'aurait pas à mettre les mains dans le cambouis et encore moins à se remettre en cause. En gros d'autres (policiers et juges) refermeraient le couvercle et s'assureraient que la marmite contenant la menace des quartiers resterait close pour le grand bonheur de la population qui s'est trop facilement laissé prendre par cette facilité. Malheureusement la marmite bout et parfois elle s'ouvre comme lors des émeutes. Jusque là Sarkozy pensait contrôler, jouant même à faire peur à l'opinion lors des échéances électorale, mais petit à petit, on voit qu'il ne maîtrise rien. On sent la montée des communautarismes ethniques ou religieux, la délinquance augmente avec les atteintes aux personnes et les cambriolages, la police est sous pression du chiffre et victime d'effectifs limités mais surtout elle craque sous les insuffisances d'une politique non viable et inefficace car non pensée pour résoudre le problème mais plus pour en tirer bénéfice électoralement.

La gauche n'est pas en reste car dans l'opposition depuis sept années, elle n'a jamais, de Besancenot jusqu'à Royal, réfléchi au moindre projet global et alternatif à tenter pour essayer de résoudre ces problèmes majeurs. Ce n'est pas un nouveau "Plan" qui est nécessaire mais une vraie réflexion d'ensemble avec toute la société afin de redéfinir des règles communes en rapport avec le monde d'aujourd'hui. Je trouve que ce devrait être une mission exaltante pour des hommes politiques car il s'agit tout de même ici de recoudre le tissu social d'un pays! Pourtant, je ne vois toujours rien de positif poindre à l'horizon, juste des plan antiglandouille et des réunions factices entre "jeunes de banlieue" (comme ci il n'y avait que des jeunes) et…..policiers.

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