lettre à monsieur Nicolas Lenoir
Quelle ironie !
Vous vous prénommez Nicolas, mon fils aussi.
Nicolas Lenoir, et bien mon fils est noir...
Mon sourire s’arrête là.
Car voyez-vous depuis quelques années déjà, je tremble pour lui.
C’est un garçon très sérieux, il ne boit pas, ne fume pas et a une seule passion : la mécanique.
Il a une conduite automobile exemplaire presque irritante tant sa prudence est excessive.Mais voilà, il conduit une grosse BMW, marque qu’il affectionne particulièrement . Bien qu’il soit totalement exclu qu’il se livre à un délit de fuite pour quelque raison que ce soit, je ne suis jamais tranquille. Certains policiers ont la gâchette facile, ça s’est hélas déjà vu et ça se verra encore, je le crains. Un homme noir dans une grosse BMW, c’est forcément suspect. Alors je redouble de conseils qui lui font lever les yeux au ciel.
Bien-sûr je ne lui ai pas raconté vos exploits de chasse à l’homme dans votre chouette village de Royère-de Vassivière. Seulement en lisant cette information dans la presse mes lancinantes inquiétudes sont devenues panique voire effroi. J’ai pensé à ce jeune homme que vous avez insulté, battu et poursuivi et puis transfert oblige, j’ai pensé à mon fils, mon adorable petit garçon, qui est grand maintenant mais qui restera pour moi mon petit garçon.
Je ne sais pas si vous avez des enfants, mais si c’est le cas peut-être pourriez-vous faire ce petit exercice d’imagination : votre enfant insulté, battu , poursuivi.
C’est effroyable de barbarie et je ne comprendrais jamais ce qui peut pousser un être humain à se conduire de la sorte.
Evidemment vous avez votre explication mais quelle qu’elle soit, je ne l’entends pas.
Mon optimisme me pousse à croire que vous réfléchirez à votre comportement, que vous ferez amande honorable et même ( on peut rêver) irez-vous jusqu’à demander pardon à ce pauvre garçon. On fait tous des erreurs et même parfois de grosses bêtises, ce qui nous grandit et nous ramène dans le champ de l’humanité, c’est notre capacité à les reconnaître et à les réparer. Je compte sur vous.