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Billet de blog 16 juin 2008

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Vilain Voilà

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Petit jeu de la semaine : le premier qui dit Voilà, je lui colle un sparadrap sur la bouche !


Je viens de raccrocher le téléphone et je n’en peux plus. Mon interlocuteur, fort aimable par ailleurs, ponctuait toutes ses phrases par un “Voilà” incongru.
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Je n’aime pas ce mot, Voilà. Et je l’entends tous les jours. Comme si mes contemporains ne pouvaient s’en passer au quotidien. C’est devenu un tic verbal utilisé à toutes les sauces, téléphone, conversation courante, débat, etc. Je me demande pourquoi tant de personnes s’appuient sur ces deux syllabes dans leurs propos. Faites l’expérience : écoutez, vous l’entendrez. Mais attention, vous risquez de ne plus entendre que lui, ce vilain voilà qui colle aux oreilles !
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Pour moi, tout a commencé il y a quelques années : vers la fin de sa vie, ma grand-mère perdait ses mots et, pendant quelques mois, ses silences furent comblés par un unique mot : Voilà. Comme si, avec cette préposition répétée à tire-larigot, tout était dit.
Je partais parfois de chez elle après cinquantaine de Voilà dans les oreilles et ce mot m’insupportait. Je hurlais ma rage à ces phrases qui disparaissaient de sa mémoire et j’eus cent mille fois préféré le silence à ces deux fichues syllabes.
Un peu plus tard, lorsque les mots ne répondirent plus à l’appel de sa raison, nous nous retrouvions dans le silence du toucher et du regard. La douceur de sa peau sous ma main, la tendresse bue dans ses yeux, nos sourires d’amour et de vie sont aujourd’hui ancrés dans la mémoire de mes cellules. Mais le Voilà a continué de se répandre dans les conversations, de mes amis, de mes collègues, dans des interviews TV ou radio, chez le boulanger, dans la rue. Partout. Nous sommes cernés par une parole assaisonnée au Voilà.
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Aujourd’hui, je dis Stop ! Assez de Voilà. Et comme il faut connaître son adversaire, je viens d’ouvrir un dictionnaire qui m’apprend que Voilà est employé deux fois plus que Voici et, à ma grande surprise, s’il est une préposition, il est aussi un verbe, « verbe défectif réduit à la forme unipersonnelle du présent de l'indicatif de l'aspect inaccompli ».
.... Effectivement, le Voilà possède un aspect inaccompli !
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En ce 16 juin 2008, je lance un appel anti-voilà.
Voilà, me voici !

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