Puisque l'on ne cesse de parler foot ces jours-ci sur Mediapart, voici un billet rugby.
Alexis Palisson, 20 ans, vient de s’envoler pour l’Australie. Sélectionné dans l’équipe de France de rugby, il rejoint les Bleus pour la tournée australienne.

Alexis Palisson court vite, très vite. C’est probablement parce qu’il est capable de jaillir comme une fusée sur le terrain qu’il se balade d’une démarche tranquille dans le quotidien.
Jean, tee-shirt rose, tongues noires et blanches, coupe de cheveux d’un surfer et doux sourire, Alexis Palisson est un paradoxe vivant. Là où l’on attend un géant baraqué ou un taureau landais, arrive un tout jeune homme, fin et musclé comme une gazelle des savanes et fort de 82 kg répartis sur 1,76m.
Nul orgueil ni prétention dans l’attitude ou le regard, juste de la candeur et deux grands yeux marrons encore tout étonnés et heureux de cette sélection dans l’équipe de France pour la tournée australienne. Deux matchs avec le XV de France (l’un à Sydney, le 28 juin, l’autre à Brisbane le 5 juillet), sous les couleurs du prestigieux et convoité maillot bleu :
« Je n’arrive pas trop à réaliser ce qui m’arrive. C’est surprenant. J’ai joué 11 matchs en Top 14 et je suis sélectionné... Autour de moi c’est l’euphorie mais même si je ne réalise pas encore, je rêvais de ça depuis tout petit ».
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Rugbyman avant l'âge
Alexis a mûri dans le terreau du rugby : Didier, son père, a joué au centre avec Toulouse, Rodez, Montauban avant d’entraîner aujourd’hui Limoges. « Il jouait, je le regardais, je voulais devenir prof de sport ou rugbyman, comme lui. J’ai commencé le rugby à l’âge de 6 ans mais pendant la première année, j’ai voulu arrêter pour faire du foot. Mon père m’a proposé de continuer jusqu’à la fin de l’année et de changer plus tard si je voulais. J’ai continué.» Le destin du jeune arrière était scellé d’autant qu’il possède une qualité primordiale, la ténacité : «Quand j’essaie et que je rate, je recommence, je vais toujours au bout ».
Dans cette enfance couleur sport, le jeune Palisson joue et s’entraîne sans relâche même si ce n’est pas tous les jours facile: « J’avais un peu de mal car j’étais petit et fin, mais je courais vite ».
Les études fonctionnent bien ce qui permet à l’adolescent d’être repéré lors de la sélection Limousin et de rentrer au pôle espoir d’Ussel pour les années lycées: « C’était mon premier objectif d’intégrer cette filière de haut niveau et j’y suis arrivé ». Bac S en poche, le jeune Palisson n’en finit pas d’évoluer sur les stades. Il décroche plusieurs sélections avec les internationaux de moins de 18 ans, moins de 19 ans, moins de 21 ans, passe une année de formation à Marcoussis et joue au CABCL depuis 5 ans, boosté ces derniers mois par ses entraîneurs, Olivier Magne et Jean-Marie Soubira.
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Accompagné par les étoiles
Ses modèles ? Cédric Heymans, Vincent Clerc, Christophe Dominici. Mais le monde du rugby professionnel - qu’il côtoiera sous peu - s’il lui donne des ailes, ne lui tourne pas la tête. Les piliers d’Alexis sont ses amis qui « ne lui parlent jamais rugby » et sa famille, comme en témoignent les quatre étoiles tatouées à l’intérieur de son avant-bras gauche :
« Elles représentent ma famille : Didier, mon père, Cathy, ma mère, Yoan et Lucie, mes frère et soeur. J’ai fait faire ce tatouage en début de saison, c’est une façon de garder le contact avec eux. Une étoile pour chacun. »
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Un arrière qui a des ailes
Les “grands” de l’équipe de France, Alexis Palisson les connaît un peu : « J’ai eu Emile Ntamack et Didier Retière comme entraîneurs en sélection jeunes. J’aime le style de jeu qu’ils développent, il me convient tout à fait ». Et quand on lui demande s’il est impressionné par les matchs internationaux, il répond aussi simplement qu’il aborde le terrain : « Non, c’est juste du rugby, je m’amuse, je prends du plaisir.» Il ajoute tout aussi serein : « Quand je fais quelque chose, je m’investis à fond et sur le stade, je ne pense pas aux enjeux, je suis dans l’action, je joue ! »
Au premier regard, on le pensait un brin timide, il est force tranquille. Alexis Palisson porte l’étoffe de ceux sur qui la gloire n’a pas de prise. L’étoffe des Dieux du stade.
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Photo : Diarmid Courrèges