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Billet de blog 24 juin 2008

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Nuit magique

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

C’est la Saint-Jean, sautez le feu et faites un vœu !
Lorsque j’étais enfant, nous attendions le 24 juin avec impatience. Ce jour-là, tout le quartier se retrouvait dans la rue dès la tombée de la nuit, devant un grand bûcher prêt à être allumé : le feu de la Saint-Jean. Petite histoire d’une tradition qui disparaît (qui a disparu ?).


L’origine du feu de Saint Jean viendrait d’un ancien culte au soleil ou de la fête des moissons (les avis divergent). Une chose est sûre, c'est qu'en 1870, la police ecclésiastique s’efforcera d’obtenir l’interdiction de ce rite trop païen à son goût. Mais les magistrats, favorables aux mœurs locales, atténuent l’interdiction et il sera simplement veillé à ce que les feux ne soient pas allumés à côté des maisons.
Aujourd’hui, dans nos années sécurité, la tradition de la Saint-Jean disparaît et les communes rechignent à donner une autorisation pour un feu, fut-il festif.
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La fête de la Saint-Jean est donc marquée par les rites du feu. Dans les croyances populaires, ce feu de Saint-Jean est purificateur, porteur de maintes vertus. Tout commençait par la préparation : chacun apportait des branches, des fagots, des bûches, mais il était courant de conserver précieusement l’une d’elles et de s’en servir pour allumer un feu le jour de Noël. Une façon de tisser un lien entre ces deux périodes de solstices d’hiver et d’été. Les feux étaient souvent allumés à un carrefour pour éloigner les sorcières.
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Dès le coucher du soleil, à l’heure où les premières étoiles commencent à briller, le feu était allumé et de petits groupes se rassemblaient autour du foyer. Lorsque les flammes s’élevaient, de grandes rondes se formaient et les jeunes dansaient tandis que leurs parents discutaient autour de ce feu qui nettoyait toutes les impuretés de l’année.
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Sauter le feu de la Saint Jean était une tradition présente dans toutes les régions. Dans le Berry, les jeunes filles se livraient à cet exercice avec beaucoup d’entrain car elle savaient qu’en sautant ainsi, elles se marieraient dans l’année. Ailleurs, passer le feu assurait le bonheur pour l’année et préservait des maladies contagieuses. Si l’on ne pouvait passer le feu, on écrivait un vœu sur un papier jeté ensuite dans les flammes qui l’emportaient au ciel pour qu’il se réalise.
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À la fin de la soirée, les familles ramassaient une braise pour la ramener dans la maison. Elle était censée protéger de l’orage, de la foudre et en la jetant dans le puits, elle assurait une eau pure toute l’année.
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Ici, les vieux disaient :

« La Saint Jean nettoie le passé et ouvre l’avenir ».

N’hésitez pas, faites un vœu, brûlez-le* et en avant !
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PS : C’est aussi le matin de la Saint Jean qu’il fallait cueillir les herbes magiques. Les plantes médicinales étaient alors gorgées de rosée aux vertus particulières. Ces plantes varient selon les régions : armoise, arnica, bourrache, mauve, mélisse, ortie, serpolet, etc.

* dans la baignoire, la douche, le lavabo, un saladier, en bref où vous voulez mais ne mettez pas le feu !

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(Illustration : Feux de la Saint Jean, Jules Breton)

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