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Billet de blog 23 janvier 2015

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Qui fera preuve de solidarité envers ces gens-là ?

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Le 16 janvier 2015,

Ces derniers jours, nous avons vécu une boulimie d'informations. Personnellement, de l'émotion, je suis très vite passée à l'urgence de la réflexion. En effet, très rapidement, je me suis posée cette question : comment en est-on arrivé là ?

Nous avons vécu une incroyable concorde nationale, que l'on ne vit peut-être qu'une fois dans sa vie dans son pays, mais nous savions d'ores et déjà que de nombreux pièges allaient émerger dès le lendemain du rassemblement national du dimanche 11 janvier, certains ayant même commencé à émerger avant ce jour, comme les attaques menées à l'encontre des lieux de culte, notamment les mosquées. 

Parmi l'abondance des sujets à aborder en ces temps cruciaux - puisqu'il est clair que la société dans sa globalité a sa part de responsabilité dans les drames que nous venons de vivre - sujets tous plus intéressants les uns que les autres, et lorsque tous, nous nous demandons quel sera l'après 7 janvier 2015, moi, il y a une question très importante (à mon avis) sur laquelle j'aimerais me pencher. Une question liée directement à l'avenir que nous ferons de la France. Celle de savoir ce que nous ferons de ces personnes radicalisées, par exemple celle déjà repérées dans les prisons... Les premières mesures parlent de les isoler, mais n'a-t-on pas compris que c'est en partie l'isolement venant déjà de la société qui a conduit ces êtres humains à commettre ces actes terribles ? 

J'insiste sur le terme "être humain", car je me souviens que sous l'émotion submergeante du lendemain de l'attentat contre Charlie Hebdo, j'avais qualifié les frères Kouachi de "monstres". Mais avant de devenir ces monstres dépourvus d'humanité, ils étaient des être humains comme vous et moi... Et surtout, ils étaient français, enfants de notre nation.

Pour revenir aux mesures d'isolement en prison et continuer sur cet exemple, je comprends bien qu'il soit difficile de proposer autre chose car il s'agit là d'endiguer immédiatement la radicalisation en coupant les contacts avec les autres détenus, d'accord. Mais ensuite et sur le long terme, étant donné en plus que la loi n'autorise (heureusement) pas l'isolement définitif (je dis heureusement car n'arrangeant en rien la santé mentale du détenu),  pour quelle solution optera-t-on alors ensuite dans l'urgence ? Cette dernière mesure ne paraissant déjà pas des meilleures, il y a de quoi s'interroger. Et puisque même les avocats qui ont représenté ces personnes témoignent en les qualifiant d'"irrécupérables", je crains que nous ne nous tournions pas vers de meilleures solutions. Mais n'est-il pas temps de reconnaître nos torts et d'agir en conséquence en prenant nos responsabilités vis-à-vis de ces personnes, purs produits de notre société ? - Devrait-on le rappeler ?  

Il me semble primordial de se pencher sur leur vécu pour comprendre ce qui leur est arrivé. Devant cette démarche, nombreux sont ceux qui resteront de marbre et ne voudront rien savoir, "parce que cela serait comme justifier leurs actes, voire les défendre". Or, non, le but de cette démarche est avant tout dans l'intérêt du bien commun de notre société, pour un avenir meilleur : comprendre pour ne pas reproduire les mêmes erreurs de l'Histoire. (À ce sujet, je vous recommande une interview très intéressante de Boris Cyrulnik http://www.tv7.com/infos/point-de-vue-de-boris-cyrulnik-neuropsychiatre_3979593465001.php

Tout cela pour vous dire que je m'interroge vivement sur les mesures qui seront prises, notamment en prison, afin d'endiguer la radicalisation, et surtout que ferons-nous de ces personnes d'ores et déjà touchées par le processus de radicalisation ? Quel sort leur est réservé ? Comme en témoignait un surveillant pénitentiaire, "regrouper ces personnes en isolation ne fera que renforcer leur endoctrinement". Et selon le degré de radicalisation, allons-nous mettre toutes ces personnes dans le même sac dit "irrécupérable" ? Ne serait-il pas judicieux de tendre enfin la main à ces jeunes (ou moins jeunes) paumés que la société a oubliés en mettant en place des dispositifs et des professionnels adaptés qui les aideront à s'en sortir ? Ai-je une vision trop utopique ? Je m'interroge beaucoup car je sens que les politiques menées n'iront pas forcément dans ce sens-là car j'ai l'impression que c'est un défi qui semble, pour beaucoup, insurmontable. Ce qui ne ferait alors qu'accroître ce phénomène de radicalisation, à mon humble avis. Qui fera preuve de solidarité envers ces gens-là ? 

Il y a tant à faire sur tous les plans, j'en ai bien conscience. Mais il ne faut pas oublier la cause que certains diront "perdue" qui a fait que nous en sommes là. Il est essentiel de lutter aussi à la source et de ne pas simplement la contourner, comme cela a été fait jusqu'à maintenant... 

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