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Billet de blog 16 janvier 2011

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TOURS SOUS FN : UN CRS, LES CORNICHONS ET MOI.

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Je ne crois pas vous avoir jamais parlé de la cousine Jeanne.

La cousine Jeanne est une charmante vieille dame, qui a deux passions : la galette et la bande dessiné.

La cousine Jeanne qui séjourna enfant à Arcueil a toujours entendu des voix. L'une d'entre elles lui conseilla quand elle était jeune fille d'émigrer à Tours, plutôt que de continuer vers Orléans même si une de ses aïeules s'y était trouvée bien. Aussi, s'installa-t'elle dans une petite maison aux volets de bois peints par un voisin du nom de Léonardo de Vinci. Elle ne voyagea jamais et n'eut donc pas besoin d'apprendre l'anglais évitant par là-même de se fâcher avec la branche orléanaise de la famille beaucoup plus rancunière.

La cousine Jeanne confondait les dates. Aussi, quand elle me téléphonait en ce début de semaine me demandant, après avoir écouté "Radio Béton" de venir avec elle pour participer au célèbre festival de BD "A Tours de bulles", aurais-je dû me méfier.

Me voilà donc partie de bon matin pour voyager par chemin de fer porter la galette et le bocal de cornichons malossol à cousine Jeanne. Je me chargeais également d'un peu de saucisson casher indispensable à la survie de tout bon explorateur ainsi que rapporté par Marco Polo.

Je quittais la capitale, heureuse et insouciante en pensant à ces trois heures où je pourrais profiter du paysage défilant pour une trentaine d'euros sous mes yeux grâce au Train Express Régional, le seul qui vous apprenne le sens de la solidarité et du respect en s'arrêtant dans toutes les gares.

En arrivant à la gare de Tours, le parking où Jeanne m'avait demandé d'attendre était désert. Au bout de 20 minutes, je me décidais à rallier la maison à pied.

Je me disais que Jeanne avait eu raison de m'inviter en voyant l'affiche du festival de BD.

J'aperçu ce que je pensais être le tournage d'un de ces films avec Rambo ... il y avait des hommes costumés en CRS, une vitrine de magasin où l'on pouvait trouver toutes sortes d'armes et une affiche curieuse conseillant à des soldats armés jusqu'aux dents d'aller à la pêche.

Ils avaient même poussé le vice à reconstituer la façade comme s'il y avait un congrès du ... un congrès ... je me souvenais alors du billet que j'avais lu sur Médiapart ... le congrès du Front National. C'était donc cela, un immeuble protégé par des CRS, des journalistes en nombre et des participants qui arrivaient comme pour aller au théatre, assister à n'importe quelle pièce.

Je croisais un survolté qui questionnait les passants, les CRS, les policiers et les journalistes. Pas loin de 800 personnes et un hélicoptère pour protéger et assurer le bon déroulement du couronnement de Marine Le Pen.

***

La boulangerie qui vendait de gros gâteaux était ouverte.

Pas besoin de fermer le rideau de fer..

Les petits cars blancs des CRS bordaient toutes les rues. J'entrais pour acheter une galette et en ressortais avec deux, plus une bouteille de cidre.

De l'autre côté du trottoir, Gueule d'Ange me fit un sourire. A l'intérieur du car, ses camarades tapaient le carton en écoutant ... mais où sont passées les gazelles ...

C'était la première fois que j'osais regarder un CRS. Il avait les dents blanches bifluorées.

Je lui dis que j'apportais du saucisson cacher et un bocal de cornichons à ma tante Jeanne. Et puis devant tant de banalités nous commençames à partager ces victuailles tout en parlant du sens qu'on donnerait à la vie. C'était un non sens, une absurdité, une banalité, un crève-coeur ... nous finîmes la galette, il ne restait plus que des miettes.

Je me suis retrouvée devant la gare pour reprendre le 1er TER venu ...

*******


J'avais très mal au ventre. Je n'avais pas eu peur.

Ils avaient tiré au canon à eau sur 1800 manifestants : j'avais vu la vidéo sur Libé Orléans.

Ils avaient réussi à instaurer la paix absolue sur la ville : Le congrès du FN dont rien de nouveau n'allait sortir comme une concession nécessaire à la démocratie !!!

*******

Mais où sont passées les gazelles ?

Et je marchais dans la rue un soir a pas feutrés
Seule a seule je comptais mes pas pour me rassurer
Tout en fumant dans le noir un mégot ajouré
Les heures chassent le temps qui presse et la caravane passe
Je pensais au sommeil pour demeurer éveillée
Mais au carrefour soudain je les ai entr'aperçues
Nez au vent elles déboulaient à brides abattues
Elles tanguaient sous les phares des autos effarouchées
Mais où sont passées les gazelles?
Dans le brun et l'or de leur yeux tout se bouleversait
Je riais aux éclats en sanglot dans l'affolement
La rue n'aura jamais fini de me passionner
Des trottoirs, des tapis rouge dévalant à nos pied
Mais où sont passées les gazelles?
Pour l'incroyable cortège vivant tombé des nues
Et je marchais dans la rue à pas feutrés
seule a seule je comptais mes pas pour me rassurer
Les heures chassent le temps qui presse et la caravane passe
Listen to this, they say that french is the language of love
This is, if you want to bet on the survivial of a joke
Rien n'est guère impossible par une nuit étoilée
La rue ne peut reprendre ce qu'elle a déja donné
Et les bras tendus vers la foule
Au hasard Balthazar, la lutte continue
Garde ta langue bien pendue, et la lutte continue.

 

Interprète : Lizzy Mercier-Descloux


Auteurs compositeurs : L. Mercier Descloux - Motico - Ngobeni




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