Cheikha Rimitti - "Saida"
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"Ses grands parents paternels sont rifains (habitants du nord-est marocain), plus précisément de la ville de Nador (située sur la côte du Rif, à 70 km de l'Algérie et de la ville de Ben M'hidi) ils ont emigré en Algérie voisine au début du xxe siècle. Ses grands parents maternels sont originaires de la région de Sidi-Bel-Abbès (Oranie).
Comme pour Cheikh Hamada, il serait simpliste de dire qu'elle est une chanteuse de raï. De tradition paysanne, Saïda a baigné dans le chant rural. Orpheline très jeune, élevée par des "patrons" qu'elle a quittés à l'adolescence pour suivre une troupe de musiciens nomades, la jeune Saïda connaît la misère avant de se lancer dans la chanson dans les années 1940, à Relizane, Oran et Alger.
Après l'indépendance, ses chansons lui valent d'être censurée par le régime du FLN. Rimitti provoqua à la fois en effet le FLN censeur et l' Islam strict. Chantant l'amour, la femme, l'alcool, les corps emmêlés, la liberté, le féminisme... et présidant des fêtes arrosées à la bière, elle a très vite été boudée par l'Algérie officielle.
Elle s'attire une réputation sulfureuse dès son premier succès, en 1954, avec "Charrak gatta", dans lequel certains voient une attaque contre le tabou de la virginité. Elle gagne son surnom dans les bars où elle ordonnait au patron de lui remettre un verre ou d'offrir la tournée aux clients : "Remettez, remettez !" (une tournée) : "rimitti", avec l'accent.
Cheikha Rimitti arrive à Paris en 1979, où elle anime les soirées dans des cafés communautaires. Bien que mise à l'écart par les siens, elle devient peu à peu l'ambassadrice internationale, bizarrement, du raï (elle qui ne supportait tous ces jeunots tricheurs, disait-elle). Elle atteint même un nouveau public à la fin des années 1990 composé d'algériens de France, leurs enfants et même des européens et des spécialistes ès musique.
Cheikha Rimitti s'est éteinte le 15 mai 2006, deux jours après son concert au Zénith (Paris) où elle chantait avec les "chebs", notamment Khaled. Avec son humour légendaire, elle disait qu'elle comptait bien les remettre à leur place."