Ça y est, le Premier ministre Jean-Marc Ayrault a annoncé sa réforme de la politique familiale. L’enjeu, comme disent les médiacrates de connivence : « Enrayer le déficit de la branche « famille » de la Sécurité sociale ». Et il y aurait, comme toujours, urgence… En effet, comme le rappelait dès lundi Ouest France, la Caisse nationale d’allocations familiales (Cnaf), a enregistré un déficit de 2,6 milliards d’euros en 2011 et devrait perdre encore 2,5 milliards cette année.
Alors, pour corriger ce drame annoncé, et dans sa grande prévenance, le gouvernement solférinien toujours soucieux de « sauver les allocs », sort son remède favori : l’impôt. Evidemment, le remède est « juste » car l’astuce consiste à modifier le quotient familial, ce qui conduit à faire payer un peu plus les contribuables aisés. Malheureusement, sous son maquillage de justice sociale et d’équité fiscale, cette nouvelle réforme s’inscrit dans une logique qui dure depuis 20 ans, celle de rompre avec la logique qui a présidé à la construction de la sécurité sociale sur une base salariale.
Les allocations familiales, quoiqu’en disent les réformateurs, ne sont pas une affaire de redistribution ni de solidarité des contribuables sans enfants vis-à-vis des chargés de famille. Elles reconnaissent comme ayant valeur économique le travail des parents qui apportent soin et éducation aux jeunes enfants. C’est pourquoi elles sont payées par cotisation sociale comme du salaire. Cette réforme qui se veut discrète (elle aura du mal) en précède de peu une autre de plus grande ampleur : celle du financement des retraites. Elle prépare les esprits au changement, comme ils disent...
Par conséquent, ne nous laissons pas enfumer. Si nous voulons « sauver les allocs » (qui fonctionnent plutôt bien au demeurant) il vaut mieux augmenter les cotisations patronales affectées à la Cnaf car il y a encore à faire pour améliorer la politique familiale de notre pays : augmenter la durée des congés pour maternité, créer un vrai congé parental (6 mois) à partager entre le père et la mère, des allocations de rentrée scolaire dignes de ce nom pour soutenir la scolarité des enfants, etc., etc.
Décidément ce gouvernement, comme son prédécesseur, n’aime pas la Sécu.
CQFD