N'étant pas un lecteur du quotidien j'ai découvert cette Une publiée par Libération le 15 janvier, soit une semaine après les attentats de Paris et quelques jours seulement après les grandes marches d'union sacrée nationale :
Par la barbe du prophète ! Putain de Dieu ! Dieu est un con ! Quelle audace, en effet.
Parmi les expressions dont l'expression publique est menacée on aurait aimé trouver "Patrick Drahi est un con" mais cette formule courte, aucun journaliste de Libération n'aurait pu l'écrire à la une du journal puisque, précisément, Patrick Drahi, le propriétaire milliardaire de Numéricable et SFR est aussi l'heureux propriétaire de... Libération. Donc, à défaut de pouvoir écrire "Putain de patron !", les journalistes de Libé se consolent en écrivant "Putain de Dieu!". C'est moins risqué...
Si nous nous laissons aller à croire que la liberté d'expression c'est ça, alors nous tombons dans la diversion et dans la manipulation de foules. C'est malheureusement dans ce travers qu'était tombé la rédaction de Charlie Hebdo, dont on aurait pu lire en couverture récemment "Macron, une gueule qu'on aimerait écraser à coup de tatane" comme l'hebdomadaire satirique l'écrivait en mai 1976 à propos du ministre de l'époque Jean Lecanuet.
Cabosser les puissants qui nous dirigent à coup de textes, de dessins et d'images au risque d'affronter le licenciement ou la censure, c'est plus audacieux que d'insulter publiquement des millions de croyants, surtout si il s'agit d'une religion minoritaire. Et c'est bien ça la liberté d'expression.
CQFD