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Billet de blog 18 avril 2013

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Ouste ! Du Balai !

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Si vous ne l'avez déjà fait je vous invite à lire cet article de Frederic Lordon publié sur le blog du Diplo : http://blog.mondediplo.net/2013-04-12-Le-balai-comme-la-moindre-des-choses

L'auteur, toujours pertinent et avec le talent littéraire qu'on lui connait (même s'il est un peu long), vante le coup de balai comme le meilleur moyen d'en finir avec ce qu'il appelle "la droite compléxée" c'est à dire la politique du PS.

Il fait un rapprochement entre l'automne 2012 et l'an 1983 dit du "tournant de la rigueur", en précisant qu'on est passé de l'ère de la "de la «politique de terrain  » (adaptation au capitalisme en 83) à celle de la « politique de service » qui "colle au capital dont elle s’est fait une stratégie ouverte d’épouser tous les desiderata."

Lordon en arrive à redéfinir ce qui caractérise le clivage droite / gauche : D'un côté ceux qui valident la prise en otage de la société par le capitalisme (la droite) et de l'autre ceux qui la contestent et revendiquent d'en finir avec le capitalisme. Selon cette grille de lecture du paysage politique il apparait que deux options nous sont proposées, celle de la droite compléxée (le PS) et celle de la droite décompléxée. Je le cite : "Il est donc à craindre que la pleine advenue de cette vraie gauche demeure impossible tant que n’aura pas été accomplie une sorte de révolution symbolique qui aura converti les regards portés sur le Parti socialiste, et produit comme une évidence politique, contre la force d’inertie des étiquetages médiatiques paresseux, que ce parti (dans sa ligne majoritaire présente) n’a plus aucun titre à être considéré comme de gauche — un peu de la même manière que l’idée d’un quelconque radicalisme du parti radical ne suscite plus depuis longtemps que de l’hilarité. Il est certain en tout cas que le corps social prendrait une vue sensiblement différente sur la compétition électorale qu’on lui vend comme « démocratie », à partir du moment où il verrait clairement qu’elle n’a pour enjeu que de départager la droite et la fraction modérée de la droite. Encore qualifier le Parti socialiste de « fraction modérée de la droite » demeure-il sujet à discussion si l’on considère que les avancées du rapport Gallois et de l’ANI vont au-delà des ambitions de la droite sans complexe, comme l’atteste le succès parlementaire que rencontre, auprès même des députés UMP, le projet de loi transcrivant l’accord sur l’emploi. Voilà donc peut-être comment il faudrait dire les choses plus justement : l’alternance UMP-PS n’est rien d’autre que celle de la droite décomplexée et de la droite complexée."

"on peut ici retenir de Camus que « mal nommer les choses, c’est ajouter au malheur du monde », et qu’en effet, persister à nommer « gauche » le Parti socialiste n’a pas cessé d’ajouter au malheur politique de notre monde : en barrant longtemps la possibilité d’une (vraie) gauche."

Pour conclure, Lordon nous suggère une "révolution des balais" :

"Les soulèvements aiment à se donner des signes, ils ont raison. La révolution tunisienne a eu le jasmin, comme jadis la révolution portugaise les œillets, et l’argentine... les casseroles ! Alors, oui, pourquoi pas le balai ? Comme appel au départ de la droite se faisant passer pour la gauche, mais aussi comme exigence de nouvelles institutions qui offriraient réellement sa chance à la vraie gauche. On rêve : un mouvement armé de balais, manière, pour l’heure toute symbolique, de narguer les gate-keepers satisfaits de l’espace médiatique, qui s’acharnent à disqualifier pour cause de violence verbale toutes les tentatives sérieuses d’en finir avec la violence sociale, une foule de balais rigolarde, non plus de République à Nation, mais devant l’Assemblée, rue de Solférino, et puis surtout sous les fenêtres des épouvantés : de Pujadas, de Libération, de Patrick Cohen et de Pascale Clark, du Nouvel Obs, d’Aphatie et de Canal, inspirée, quitte à faire une fois dans le contre-emploi, par Bernanos et sa réjouissante devise : « jamais nous ne nous lasserons d’offenser les imbéciles ».

Chiche ?

Aller ouste, du balais !

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