Je recommande vivement la lecture de cet article de Raphaël Kempf à propos du livre de Rawi Abdelal "Capital Rules": The Construction of Global Finance" (Harvard University Press, 2007), curieusement jamais traduit en français : http://www.les-crises.fr/socialistes-liberaient-finance
On y apprend comment, loin d'être un monstre sans visage qui imposerait sa loi aux peuples et à leurs représentants élus, la "Finance" (lire la libre circulation des capitaux) a été organisée et accompagnée, à la fin des années 1980, par quelques dirigeants politiques et hauts fonctionnaires européens et internationaux, et en particulier par un quarteron de socialistes français : Jacques Delors, Pascal Lamy, Henri Chavranski et Michel Camdessus, après qu'en 1983, le parti socialiste se soit rallié aux intérets de la classe capitaliste.
Le PS a t'il "capitulé" ou s'est il rallié volontairement à la libre circulation des capitaux ? François Hollande a répondu lui même à cette question au cours d'un entretien à la presse britannique quelques semaines seulement après son fameux discours du Bourget le 22 janvier 2012 : « la gauche a été au gouvernement pendant quinze années, au cours desquelles nous avons libéralisé l’économie et ouvert les marchés à la finance et aux privatisations ... Il n’y a pas à avoir peur.»
Il est temps que nous relisions l'histoire des années 1980, et notamment l'excellent livre de François Cusset, "La décennie : Le grand cauchemar des années 1980" car le tournant pris à cette époque par le PS (« the Mitterrand U-turn » pour utiliser la formule de Rawi Abdelal) explique largement la situation économique de la France et au-delà en Europe et dans les échanges internationaux via le FMI et l'OMC. Pascal Lamy confiait d'ailleurs à l'auteur de "Capital Rules": « lorsqu’il s’agit de libéraliser, il n’y a plus de droite en France. La gauche devait le faire, parce que ce n’est pas la droite qui l’aurait fait ». CQFD.