Voilà, on m'accusera de me faire de l'auto-promotion, mais je vous invite à regarder une de mes photos. : http://www.flickr.com/photos/nicolasleistenschneider/8936608940/lightbox/ . Elle n'est pas spécialement belle. Mais elle vous donne une idée de ce qui s'est passé dans la nuit dernière à Ankara. et de quoi Kizilay, le centre où les artères de Ankara se joignent, a l'air à l'heure actuelle: vous noterez les policiers sur la gauche, en attente d'un éventuel retour des manifestants.Dans le fond à droite comme à gauche, on voit les bus, qui passent dés que possible, évitant les manifestants, attendant en général que la police nettoie les rues pour tenter de passer. On voit aussi à gauche un début de barricade, et à droite on voit le centre commercial où les forces de l'ordre sont rentrées hier pour taper sur les manifestants qui s'y étaient réfugiés.
On voit aussi sur mon compte flickr, des jeunes auxquels il faut tirer nos chapeaux; des étudiants en médecine qui selon leurs dires, ont décidé de venir aux manifestations pour aider les blessés, et les malades ( le ventolin est devenu un best seller dans les pharmacies!). Ils savaient à quoi s'attendre, selon un de nos amis communs, sur 15, 3 étaient en détention hier soir.
Un de mes lecteurs a fait la remarque que l'on s'en fout des cygnes, les gens se font torturer: oui. Je suis d'accord. Mais j'ai dû mal à tomber sur des gens voulant en témoigner, ou pouvant en témoigner pour le moment.
Pour en revenir au titre;
Mon impression d'aujourd'hui est que le mouvement n'a pas ralenti, mais la vie a repris son cours. Les flics n'avaient pas peur d'utiliser le gaz lacrymo dans une foule qui pour la plus grande part n'avait rien à voir avec la mnifestation. J'ai moi-même été pris entre deux feux; une avenue couverte de gaz lacrymo d'un côté, une ruelle remplie de flics de l'autre: salvation , un magasin était encore ouvert, je me suis lancé dedans, et ait aidé les autres clients en leur passant du lait et du vinaigre pour le lacrymo.
Aujourd'hui, fut plus violent pendant la journée. Ils ont utilisé les Toma, le gaz lacrymo, et un autre véhicule blindé que je ne saurais trop vous décrire. Je ne sais pas si je dois m'aventurer à Kizilay ce soir. Les flics ont montré une propension à intervenir et à courir après les manifestants aujourd'hui qu'ils n'avaient pas montrée avant, je m'inquiète; Erdogan a déclaré que les "problèmes seront réglés sous peu, dés mon retour". Réglés, ok ? Mais comment?
Aujourd'hui, les gens allaient au travail , étaient aux terrasses des restaurants et nous regardaient passer comme pour dire " mais, euh, je mange tranquille, pourquoi tu cours ?". L'impression que m'a laissé cette journée est double; les manifestants étaient très jeunes, étaient tous ou presque masculins. En discutant, je découvre que pour la plupart ils sont lycéens ou étudiants, certains en pleine période d'examens, d'autre ayant fini récemment. (modif ci-après) En y réfléchissant, il est intéressant de noter que les personnes constituant la grosse partie des manifestants aujourd'hui comme hier sont de la génération dite "capitaliste". Il y'a encore peu, les turcs considéraient que ceux nés dans la seconde moitié des années80 début des années 90 étaient très peu intéressés par la politique, les évènements des derniers jours le contredisent.
La grande question pour ce lundi fut donc; quid de ce mouvement turc ? Nous verrons demain ! Certains syndicats ont décidé de faire grève. il sera très intéressant combien de syndicalistes se montreront à Kizilay. J'attends demain avec impatience.
A l'heure où j'écris, on apprend qu'un manifestant est mort à Ankara ( officiellement mort notez, à en croire les réseaux sociaux on approche de la dizaine ) . Est-ce-que ça aura une conséquence concrète ? Les gens sont fâchés. Un mort pourrait être la goutte d'eau qui fait déborder le vase.