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Billet de blog 5 juin 2013

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En Turquie, l'explosion n'était qu'une question de temps

J'ai fait ma petite recherche pour vous. Ce sont des choses qui passent dans les médias ces derniers temps et qui nous semblent normales, mais qui doivent être expliquées à l'extérieur. Je vous parlais de différents facteurs ayant mené à l'explosion. Je ne remonterai pas très loin dans le temps.

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

J'ai fait ma petite recherche pour vous. Ce sont des choses qui passent dans les médias ces derniers temps et qui nous semblent normales, mais qui doivent être expliquées à l'extérieur. Je vous parlais de différents facteurs ayant mené à l'explosion. Je ne remonterai pas très loin dans le temps. Mais vous verrez, c'est facile et rapide à énumérer. Mais avant il faut comprendre une chose; comme tout pays, la Turquie est une mosaïque d'idéologies, d'approches à la religion, de groupe ethnique et culturels: il faut donc comprendre que le ras-le-bol de ces derniers temps touche toutes sortes de personnes pour diverses raisons, qui ont toutes un dénominateur commun; Erdogan.

Les frustrations sont autant une accumulation de ses bourdes à lui que des discriminations qui existent depuis longtemps. Don par exemple, la violence particulièrement vicieuse des policiers dans une partie très alévie du pays laisse penser ; Peut-être ces derniers ont-ils encore en travers de la gorge le fait que le fameux troisième pont d'Istanbul aurait du porter le nom de Selim, sultan connu pour son massacre de cette population par le passé. 

Les alévis avaient aussi depuis quelques temps, en travers de la gorge( il leur fut très difficile d'avaler ces derniers temps) le fait que leurs lieux de culte n'aient aucun statut officiel. Que Erdogan ne leur reconnaisse pas le statut de religion ( il a déclaré que " Ce n'est pas une religion") et qu'il déclare que "leur lieux de cultes ne sont que des centres culturels" , ils l'ont très mal pris.

il y'a plus d'une semaine que la loi concernant la vente de boissons alcooliques est passée, mais les laïques l'ont très mal prises. Bien que l'on puisse voir les mesures comme loin d'être drastique, ( plus de vente après 22 heures) ( interdiction de publicité pour boissons alcooliques) en comparaison à ce que l'on peut voir autre part dans le monde, les gens attachés à leur bière du soir, leur petit pot entre amis, l'ont très mal pris. Beaucoup le voient comme un autre pas vers une islamisation de la société turque. 

Le problème des médias turcs est plus récent. Vous aurez lu, probablement, les nouvelles de démission à NTV, les excuses que cette chaîne a fait à ses téléspectateurs. Les gens étaient assez surpris du peu de couverture offert à des évènements qui leur semblaient très important. La raison du manque d'éthique journalistique des médias turcs était le fait que la pression mise sur les journalistes, les chaînes de télé et les journaux , par le gouvernement ces dernières années, est impressionante. Que ce soit dans les artifices juridiques ( une connaissance impliquée dans une grosse transaction entre deux gros groupes médiatiques me le confirme) ou dans la pression purement politique ( la Turquie est championne mondiale de l'arrestation-détention-emprisonnement de journaliste) (" The political importance of Turkey (154th, -6) has grown even more because of the armed conflict in neighbouring Syria but it has again fallen in the index. It is currently the world’s biggest prison for journalists, especially those who express views critical of the authorities on the Kurdish issue.)( http://en.rsf.org/press-freedom-index-2013,1054.html).

Ces trois exemples devraient démontrer une chose; il existait une tension avant les évènements de Gezi Park. Les libertés fondamentales mises en doute ( liberté d'expression en particulier) .

Finalement, et je dois vous le dire pour de nouveau, ne pas passer pour un con, à l'heure de vous écrire, j'ai moi-même peur. Je suis ici pour des raisons personnelles, et je ne veux impliquer aucune de mes connaissances dans mes activités blogo-journalistique. J'ai peur que mes déclarations soient interprétées comme une incitation à la révolte, ou comme une insulte à la Turquie ( cf: http://fr.wikipedia.org/wiki/Article_301_(code_p%C3%A9nal_turc)).  En somme j'ai peur pour mes amis, ma petite amie, mes connaissances ici. Si moi en tant qu'étranger, qui ai toujours l'option d'aller me cacher dans mon ambassade si ça va trop loin, ai aussi peur, je ne peux pas vraiment commencer à comprendre ce que ressentent mes connaissances turques. 

On a fait des parallèles  à Mai 68, je pense qu'ils sont valables. En somme, je considère que l'on peut déclarer surtout que la Turquie se cherche. Quelque part entre modernité à l'européenne imposée par Atatürk et le fait que la plus grosse partie du pays vit en Anatolie/Moyen-orient, la Turquie cherche à définir son identité, et non pas à se la voir imposée comme Erdogan tente de le faire. L'autoritarisme d'Erdogan aura peut-être été le catalyste d'une réaction qui a commencé il y'a bien longtemps.

à bientôt, Nicolas L. 

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