La rumeur enfle, les boîtes de chaussures fleurissent en face des banques, le mot « corruption » s’est insinué dans la vie de tous les jours. Les dernières 8 semaines ne furent pas de tout repos en Turquie. Après avoir été éraflé par les révélations touchant certains de ses proches, la crise politique a continué en Turquie, avec les affrontements Gülen et AKP. La démission de plusieurs membres du parti au pouvoir, mais proche de Gülen, marque l’escalation rapide du conflit. Dans le même temps, si le gouvernement se sent attaqué depuis l’intérieur de ses cercles de confiance, il attaque lui-même les libertés, ce en particulier en trois coups ces dernières semaines :
Une révélation, une conversation enregistrée lors des manifestations de l’année dernière, demandant gentiment à un journaliste de se la fermer.
Une tentative de réformer l’équivalent du conseil de la magistrature, parce que ce dernier a eu l’outrecuidance de critiquer le sinitiatives du gouvernement
Puis finalement hier, une loi qui fout la trouille : contrôle de l’internet. Plus précisément, une possiblité de bloquer l’accès à des sites internet donnés, ce sur décret. De la censure essentiellement ? Les turcs ne se laissent pas faire, les affrontements recommencent à Istanbul. Est-ce un second Gezi ? La gestion de la situation par la police sera centrale ici : Si trop violente, les turcs, mêmes supporters d’Erdogan, sortiront dans les rues.
Aussi, signe de l’escalation, un journaliste du journal Zaman, très fameusement pro-Gülen, s’est fait déporter : clairement une tentative d’affaiblir l’outil médiatique de Gülen. Arrêter un journaliste est une bavure. Le déporter, une décision administrative.
En effet, c’est bien là le problème de ce qui se passe. Je ne peux plus me fier aux dires de mon coiffeur, qui aime à me répéter combien le peuple aime Erdogan. Le scandale de corruption a très clairement fait du mal au gouvernement. Le resserrement de l'étreinte que ce gouvernement aime à avoir sur la société et l'opposition est-il un signe de peur ? Peur de ne pas se débrouiller aussi bien que ce qu'ils ont connu la dernière fois aux élections ? Entretemps, Taksim brûle:
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Il faut noter plusieurs choses à propos de la situation politique en Turquie :
La stratégie long-terme n’est plus vraiment ce que le gouvernement cherche à établir ; il réagit de façon ad hoc, aux situations qui auxquelles il est confronté. Une conversation avec un membre de l’AKP , ou plutôt un jeune activiste, révèlera une fois presque sans limite parfois, en le premier ministre, une croyance absolue dans l’idée que ce dernier sait exactement ce qu’il fait. Mais les faits sont là ; l’expulsion de Mahir Zeynalov laisse par exemple douteur ; il s’est fait expulser pour un tweet… mais ne peut-il pas tweeter depuis l’extérieur ?