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Billet de blog 14 juin 2013

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A Ankara, les terrasses sont vides (enfin certaines)

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Economie politique d'un mouvement politique. 

les médias sociaux sont une force tranquille, mais une force que l'on doit commencer à comprendre. A l'heure ou certains ne jurent que par le " big data" et le "data mining" il faut comprenre que la transmission de données d'aujourd'hui n'est pas du tout celle d'il y'a 20 ans. Quand je parle de données, je parle de rumeurs, et quand je parle de transmission, je parle de combien il est facile de nos jours pour une rumeur d'avoir de l'influence si transmise par twitter. 

Alors que auparavant, un truc raconté par un ami d'un ami était considéré comme une vague histoire pas trop crédible.Mainteant, un truc déclaré sur twitter est confirmé dans l'heure par X inconnus, en faisant une réalité, qui aura ses conséquences:

case and point; les terrassses d'Ankara. C'est la période, dans tout l'hémisphère nord, où l'on s'installe à une terrasse, on boit un truc alcoolisé ou non, on se perd à discuter jusqu'à pas d'heures. Selon la catégorie socio-économique à laquelle on appartient, on s'installera dans un endroit plus ou moins cher, et selon les envies, on ira dans un bar ou plutôt dans une gelateria.

A ankara, ces terrasses étaient ouvertes quand les manifs ont commencé, certains établissements installés au mauvais croisement ont d'ailleurs particulièrement soufferts des manifestations mais surtout de la quantité de gaz lacrymogène utilisée : un passage à la machine à laver ne suffit pas pour vous débarasser de l'odeur et de l'effet irritant de ce dernier.

Pendant les manifestations, beaucoup de terrasses restaient ouvertes, les serveurs tellement paralysés par la fascination exercée par les foules, qu'ils ignoraient sans le vouloir leurs clients. Le moment après l'arrivée du gaz lacrymo, beaucoup de gens avaient besoin d'aide. Si certains avaient simplement peur, et certains avaient même une peur panique de ce qui arrivait, d'autres avaient besoin d'une aide plus concrète. 

 Beaucoup de ces établissements fermèrent leur porte. Au lieu d'aider, ou de refuser poliment, ils repoussèrent les gens en besoin désespéré d'aide. Alors que leurs anciens clients ( car soyons sincères, c'est surtout la classe moyenne et la classe supérieure qui manifestent) souffraient, si ces derniers ne dépensaient pas d'argent, ils se refusaient à les aider. 

Ce refus eut des conséquences dans l'immédiat. Les terrasses des établissements ayant refusé de l'aide aux manifestants sont vides. Ceux qui les ont aidés ne désemplissent pas. Les histoires de manifestants s'étant vus interdits d'accès, même livrés à la police dans certains cas, ont circulés sur twitter, et de là sur facebook, et de là sont parties dans tous les sens.

Loin de moi l'idée de vouloir vous donner l'idée que c'est rempli chez ces derniers, mais c'est un constat personnel. L'année dernière à la même période, les restaurants MADO se trouvant dans le centre étaient systématiquement remplis. Ils sont vides à l'heure actuelle. Certains magasins sur la place TAKSIM , connus de longue date, seraient en train de faire faillite. 

Le monde politique  tremble devant le pouvoir des réseaux sociaux, le monde commercial devrait faire de même.

Ils,  auront probablement, bientôt trouvé le moyen de le faire taire.

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