Le peuple en guise de contrôleur constitutionnel ?Une énième adaptation des réseaux sociaux à la vie politique
Si le pouvoir des nouvelles technologies est bel et bien établi depuis le printemps arabe et son utlisation à outrance de youtube et twitter, ou encore depuis la "révolte des pingouins" au Chili, son intervention dans le processus démocratique est quelque chose de, il me semble nouveau.
En effet, beaucoup ont disserté sur l'utilisation de twitter facebook et youtube pendant les manifestations de ces dernières années, en Turquie comme dans le reste du monde, mais hier soir, Ankara et Istanbul ont assisté à plus que ça. Les réseaux sociaux, antre de la rumeur et la mésinformation, se sont transformés en dépositoire d'information, pour prévenir la fraude électorale.
Car c'est bien cela dont l'on a parlé ces derniers temps par ici; la fraude électorale, l'impression que des votes n'ont pas été comptés, que la procédure a été ratée ou ignorée pour invalider les votes dans des quartiers ou il était à peu près sûr que l'opposition allait gagner une grande majorité. Donc, des volontaires, ont transmis leur idée par les réseaux sociaux; prendre une photo, de tout ce qu'on peut prendre en photo; la fiche déclarant les résultats en fin de soirée. l'état des lieux, la situation générale, la présence de groupes suspects à l'extérieur du bureau de vote. Toutes sortes de photos circulent sur les réseaux. On ne sait franchement plus trop à quel saint se vouer.
Dans le quartier de çankaya, énorme endroit ou les résultats tendent toujours à donner une grande majorité au parti d'opposition, le CHP, les jeunes sont sortis dans la rue, et attendent, à l'extérieur de certains bureaux de vote. Ils vérifient l'identité de ceux qui sortent, de ceux qui rentrent. Et quelque part ça fout la trouille, car au-delà d'une vision idéaliste de la chose, ça montre un manque total et absolu de confiance en les institutions.
Hier soir, on parlait d'ailleurs, encore une fois les rumeurs de rue, d'une alliance entre CHPiste et MHPiste, dans la rue, pour s'opposer à des groupes issus, toujorus selon les rumeurs, de la mouvance AKP. Ces derniers étaient accusés d'empêcher le bon déroulement du décompte des votes, et même dans certains cas, d'empêcher les votes d'être envoyés au Conseil supérieur des élections.
La déception fut générale au matin; la victoire AKP au niveau national, tout comme au local, en a déçu beaucoup. Dans les " turcs blancs", surtout les jeunes, le 30 mars devait être un jour de rédemption pour le pays, de vengeance, de rétribution. La perte des deux grandes villes du pays, dans les circonstances actuelles, c'est à dire avec de nombreuses accusations de fraudes, en désespère beaucoup. Je vois que si la situation n'est pas clarifiée, l'opposition ne se laissera pas faire. Les résultats officiels à Ankara n'ont pas encore été publiés, à cause très probablement des nombreuses accusations de fraude.
Un dernier mot avant de vous laisser; les turcs sont incroyablement dédiés, dévoués, à la démocratie. Je parle bien sûr de façon très peu objective, mais hier m'a montré combien ça a pu compter pour l'opposition, que ces élections soient justes, qu'elle soit représentatives: le nombre d'observateurs volontaires était énorme, les personnes s'étant proposées pour porter des sacs de bulletins encore plus, les personnes ayant l'air agard ce matin dans la rue à Ankara impossible à quantifier.
Ces élections sont, selon moi, ou le début d'un régime qui sera de plus en plus autoritaire, les choses empirant très probablement dés cette semaine pour l'opposition, ou le début d'un ralliement de l'opposition turque. L'éventuelle victoire de Mansur Yavas, toujours improbable à l'heure 'décrire, pourrait être un signe d'espoir pour l'opposition.