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Billet de blog 7 août 2011

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la question de la femme; représentations diverses

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Ce blog est personnel, la rédaction n’est pas à l’origine de ses contenus.

Ek hasina thi, une si belle femme, de Sriram Raghavan est un film générique , un thriller sans danse,ni chanson .

Ainsi il est plus accessible .Il met en scène une vengeance féminine d'une femme sans histoire auparavant mais qui fera une "mauvaise rencontre" .

C'est donc d'une manière très indirecte mais aussi très contemporaine que la question féminine est traitée .L'actrice principale est Urmila Matondkar , le rôle masculin est joué par Saif Ali Khan .

Anjaam, de Rahul Rawail est un film plus ancien portant sur le même thème que le précédent , mais si il est souvent qualifié de "malsain", il a ma préférence .La vie du personnage féminin interprété par Madhuri Dixit va basculer vers l'horreur suite à une rencontre due au hasard avec un jeune homme, dont elle deviendra la "fixation amoureuse " mais surtout pathologique .

L'outrance en terme de violence par exemple ne me gêne pas car elle me semble proportionnelle avec celle des différents protagonistes qui vont collaborer à la descente aux enfers de cette jeune femme, ces personnages représentant à différents niveaux des pouvoirs machistes existant dans la société, et même je dirai plutôt la violence que peuvent se permettre ceux ou celles qui sont en pouvoir , puisque pour l'un des personnages, il s'agit d'une femme .Cette dramatisation symbolique qui existe dans les films hindi, n'est peut-être plus ou pas habituelle pour les occidentaux ayant mis en avant "la raison raisonnable" , mais elle possède une justesse en terme de ressenti en ce qui concerne la violence et la souffrance et en cela elle me semble salvatrice .

Dans les prisons de France et d'ailleurs qui plus est, l'on trouve ces femmes dont la vengeance est proportionnelle à leur capacité de résistance face à la douleur dans le long terme, ou au sentiment d'injustice .Ainsi les deux films ne sont pas "irréalistes", même si le traitement du second dans la mise en scène peut sembler l'être, surtout si on considère le retournement de situation finale .

La temporalité des films indiens permet aussi notamment cette progression dramatique d'une manière parfois plus juste ,ce qui est d'ailleurs valable pour le personnage "psychopathe" masculin interprété par Shah Rukh Khan .

Parfois elle permet d'être proche de la "somme médiévale" , en essayant d'inclure toutes les possibilités et non de réduire à "une intrigue dépouillée" et Lajja, de Rajkumar Santoshi , est alors un très bon exemple .

Le réalisateur précise que tous les faits traités dans son film sont réels !

Il va essayer de traverser tous les problèmes rencontrés par la femme indienne dans toutes les couches de la société afin d'arriver au point d'orgue final qui sera un disours dénonçant la condition de la femme .Son personnage en fuite interprété par Manisha Koirala sera la spectatrice involontaire de situations dramatiques qu'elle découvrira en parcourant l' Inde afin d'échapper à son mari, homme puissant et influent .

La première partie est prisonnière des codes, je trouve,comme lors de la scène du mariage qui dure une éternité parce qu'allongée par des intermèdes comiques : même si Anil Kapoor est sympathique, son rôle semble trop développé. Il n'en reste pas moins que l'envers du décor des mariages si souvent filmés à Bollywood est montré.

Pour moi , le film démarre avec la séquence ayant pour sujet Madhuri Dixit interprétant une comédienne de troupe de théâtre .il y a un très beau morceau de danse d'ailleurs de cet actrice accompagnée de Manisha Koirala.Ce personnage extrêmement savoureux, porteur d'une tristesse mais aussi d'une joie de vivre est bien équilibré et la tonalité dramatique du film va creshendo sans rupture à partir de cette tranche de vie .Montant effectivement d'un cran avec le personnage joué par Rekha dans la séquence du village avec ce cri final et presque "primal" tellement poignant .

Le rôle de Ajay Devgn de dacoït - bandit de grand chemin- est pris à contre emploi de la tradition cinématographique , puisqu'au lieu d'"être le violeur", il est le défenseur de toutes les femmes au nom de sa mère et de toutes les mères .Et il révèle comme longtemps en Occident, ce paradoxe d'une femme, divinité sacralisée dans la religion mais complètement bafouée dans sa réalité .

Une amie avait qualifié ce film de "film nécessaire" , mais je trouve ce qualificatif trop utilitaire, car il est d'une très grande force .

Je finirai avec un film réaliste tourné par la réalisatrice vivant actuellement au Canada, Deepa Mehta, Fire .

Deux actrices intéressantes tournent dans ce film , Shabana Azmi et Nandita Das, toutes les deux impliquées socialement et de très grandes actrices,tout comme les trois citées dans le film Lajja.

Ce film avait fait scandale à sa sortie en Inde mais je trouve dommageable de le trouver par hasard dans le bac de cinéma "gay" jouxtant celui du cinéma indien dans le magasin de ma ville, et donc de le réduire à une scène qui a fait scandale et surtout de réduire ainsi son propos autant que certains intégristes par ricochet .Ce n'est d'ailleurs plus le cas puisque je ne trouve plus de films indiens.Les films gays étant justaposés au rayon des comédies musicales .Je suppose qu'auparavant les films indiens étant musicaux servaient de 'liaison"dans l'association d'idées.

Son sujet qui comprend aussi une certaine misère sexuelle de la femme et de l'homme n'est d'ailleurs pas, n'en déplaise aux occidentaux , si "exotique" que cela et reste d'actualité pour certaines femmes occidentales même si les conditions de vie sont différentes que celles montrées dans cette tranche de vie .

P.S : il y a deux fois Chakde India, parce que le premier n'était pas ouvert aux commentaires, et en voulant changer cela , j'ai dupliqué le billet.

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